Le déserteur

Dans ce recueil sont rassemblées 12 courts récits publiés initialement entre juillet 1987 et septembre 1990.
Big House : La jeune Kubota accepte l’invitation de son patron, afin de passer quelques jours avec lui pour déguster d’étranges plats. Cependant, elle découvre vite que le repas n’est pas forcément tel qu’elle se l’imaginait…
Comme deux gouttes d’eau : En arrivant dans sa nouvelle classe, Yumi rencontre Kamei qui ne la quitte plus d’un pouce. Mais progressivement, Yumi se rend compte que l’envahissante Kamei se transforme, qu’elle lui ressemble de plus en plus…
Un endroit où dormir : Mari est inquiète, son ami Yûji n’arrive plus à dormir. En le questionnant, elle apprend que le jeune homme vit un véritable enfer, une fois qu’il s’endort. Un second corps semble vouloir s’extraire du sien par la bouche…
La théorie du mal : Morimoto est une élève modèle jusqu’au jour ou elle décide de sauter du toit de l’école pour se suicider… Qu’est-ce qui a pu la changer si brusquement ?
De longs cheveux sous le toit : Chiemi vient de se faire larguer par son petit copain. Ne sachant plus vraiment où elle en est, la jeune femme commence à entendre des bruits dans le grenier qui l’inquiètent, le lendemain elle trouve même un rat mort emmêlé dans ses longs cheveux avant d’être retrouvée morte quelques jours plus tard…
Notre amour en trois actes : Kaori est une jeune actrice qui tombe sous le charme de Takahashi, le beau metteur en scène. Mais ce dernier a une sale réputation de séducteur sans scrupule qui passe d’une conquête à l’autre sans se poser de question. Kaori ne tarde d’ailleurs pas à découvrir la vérité…
L’épée de réanimation : Keiji est obsédé par les feux follets qu’il veut à tout prix capturer dans son épuisette. Une nuit, accompagné par son ami Murase, ils sont les témoins d’une étrange pluie lumineuse, ils rencontrent alors un inconnu avec une épée qui se jette à leur poursuite…
Dans le cœur d’un père : Au centre de la famille Tôdô, il y a le père, autoritaire et possessif. Il tient d’une main de fer sa tribu constituée de sa femme, ses deux fils, Satoru et Eichi, puis sa fille Miho. Quand l’ainé se suicide, suivi de peu par son frère, les gens commencent à se poser des questions, mais c’est en voyant, un jour la petite fille avec un bien étrange regard, que son ami le jeune Tsukasa se demande si tout ça n’aurait pas un lien direct avec le père…
L’insoutenable labyrinthe : Sayako et Noriko partent faire une randonnée dans les montagnes. Elles se perdent à un moment donné et parviennent ainsi à un étrange monastère ou on les invite à participer à une sorte de séjour zen…
Le village des sirènes : Depuis que Haiyama est devenu le maire de la ville, les choses ont radicalement changé, et plus particulièrement avec ces sirènes qui sonnent la nuit, envoutantes, entraînant les habitants à se rendre tous ensemble à l’usine afin d’y creuser une sorte d’énorme trou sacrificiel…
La sadique : Kuriko a un secret qu’elle souhaite révéler à son fiancé Yûtarô avant qu’ils n’aillent plus loin… Petite, elle avait certaines tendances au sadisme envers le fils de ses voisins, le petit Nao, elle le battait, le griffait, l’humiliait. Et même si tout cela est loin, elle ne peut plus le cacher à celui qui l’aime…
Le déserteur : Furukawa est un déserteur, il s’est caché chez ses amis au lieu de se rendre au combat. Au fil des années, bien que la guerre soit terminée depuis longtemps, ils ont continué à lui faire croire qu’il devait continuer de se cacher…

Par fredgri, le 19 août 2024

Publicité

Notre avis sur Le déserteur

Chaque volume regroupant des histoires de Junji Ito est en soi la promesse d’un voyage dans l’horreur, aux tréfonds de l’âme humaine. L’artiste explore ainsi les grands maux de la société japonaise moderne, tels que la solitude, l’obsession de sa propre image, l’angoisse de la cellule familiale… Tout ce qui peut nourrir un rapport aux autres anxiogène, voir toxique. Car bien plus que ce qui nous est montré, on est marqué par ce qui se reflète de profondément dérangeant dans cette vision de l’humanité en perte de repère, qui se cherche, qui sombre dans un cauchemar inquiétant.

Avec ces 12 histoires, on retrouve donc le maître au sommet de son art qui nous entraîne dans une série d’intrigues inquiétantes, mais particulièrement efficaces. Ito sait parfaitement doser ses éléments et glisser le lecteur petit à petit dans un univers psychologique d’où il est pratiquement impossible de s’extraire. On découvre alors ces personnages torturés par une réalité qui les engloutit, sans appel, surpris par des évènements étranges, comme si, finalement la moindre petite appréhension devenait un trauma inextricable dans lequel ils finissent tous par s’engluer.
On est impressionné par les idées extrêmes qui rythment ces histoires, par cette inventivité glauque qui nous interroge sur cette « vérité derrière la vérité », le sens caché des métaphores horrifiques, le caractère profondément moderne de cette nouvelle horreur qui nous confronte bien plus au monde qui nous entoure qu’à des incursions fantastiques.

Et c’est en ça que Junji Ita se révèle un maître du genre, dans cet adroit équilibre entre fiction et cette seconde lecture plus pertinente qui nous parle de nous, des autres…

Un volume qui s’adresse aux fans avertis, malgré tout.
Très conseillé.

Par FredGri, le 19 août 2024

Publicité