Le docteur Héraclius Gloss

En quête de vérité absolue, le respectueux docteur Hiéraclius Gloss met la main sur un manuscrit ancestral qui lui permet de découvrir en ce dernier la révélation qu’il espérait. Totalement subjugué par la théorie pythagoricienne selon laquelle l’âme peut après la mort migrer vers un autre corps, celui d’un animal compris, il met tout en œuvre pour en saisir la substantifique moelle. Malheureusement, sa quête de compréhension poussée à son paroxysme a tôt fait d’enfermer son esprit philosophique dans une spirale sans fonds nimbée de démence. Ah, quand la métempsychose le tient…
 

Par phibes, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur Le docteur Héraclius Gloss

Pour son premier album, le jeune auteur parisien Jean-Sébastien Bordas a choisi de mettre à profit son savoir-faire en adaptant en solo une nouvelle de Guy de Maupassant, peu connue du grand public, et liée à la mutation psychologique d’un respectable docteur pris dans une profession de foi exacerbée liée à la métempsychose qui le mènera tout droit à l’asile.

Le choix de traiter en bandes dessinées cette nouvelle dérangeante et intrigante est très ambitieux et semble démontrer que Jean-Sébastien Bordas souhaite dès le départ mettre la barre la plus haute possible. En effet, l’exercice porte essentiellement sur le trouble obsessionnel "montant" de cet éminent docteur dont l’artiste a su mesurer à sa juste dimension. Si le découpage en chapitres se conforme au récit original dans une forme concentrée, on appréciera le choix judicieux des séquences qui appuient parfaitement la lente transmutation.

Le deuxième travail à apprécier est celui du dessin qui, dans sa forme torturée, possède un potentiel bien appréciable. Le trait qu’il emploie est fin, talentueux, expressif, faisant apparaître des personnages taillés à la serpe et subtilement dégingandés. Utilisant la couleur noire à grand renfort pour donner une ambiance un peu plus pesante, Jean-Sébastien Bordas trouve là un style épuré bien accrocheur.

Cet album est à mon goût une belle initiative qu’il convient de saluer et qui, contrairement à son pauvre héros métempsychosiste, possède une âme bien trempée et prometteuse.
 

Par Phibes, le 16 juillet 2009

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