Le fantôme de Gaudi

Et puis au centre de cette accumulation de cadavres, une jeune femme, caissière dans un supermarché, qui est blessée en sauvant un vieux monsieur qui traverse sans regarder et manque de passer sous les roues d’un camion, vieux monsieur qui d’après les témoins n’existe pas.
C’est à ses pieds que se retrouve le second cadavre devant une œuvre de Gaudi évoquant le dragon gardant le jardin des espérides. Alors qu’elle semble en proie à des hallucinations, ou le fantôme de Gaudi tourne autour d’elle, les cadavres continuent à s’accumuler.

Avec Barcelonne et l’architecture magique et connectée du génial architecte comme décors de ce thriller qui nous plonge au cœur même de l’œuvre de Gaudi, El Torres construit son scénario avec une méticuleuse précision.
Chaque acteur avance, dans un brouillard opaque, sans parvenir à rassembler les différentes données et indices qui parsèment cette enquête.
Ces personnages au caractère et à la personnalité très marquée, voire hallucinée créent toute la densité de ce polar qui mêle avec un bel équilibre le symbolisme, l’architecture, les théories plus ou moins magiques dans une veine policière ésotérique parfaitement maitrisée.

La mise en scène très dynamique de Jesús Alonso Iglesias associée à un dessin semi réaliste très expressif anime avec une belle impétuosité le scénario. Le dessinateur, qui n’hésite pas à représenter les différents monuments de Gaudi, a particulièrement soigné le découpage afin que la trame policière et l’ésotérisme architectural s’associent dans une lecture fluide.

Un album qui, au-delà du scénario policier, donne envie de découvrir un peu plus l’œuvre de Gaudi et pourquoi pas de s’organiser un petit voyage à Barcelone pour parcourir, l’album à la main, les différents lieux dans lesquels nous entrainent les deux auteurs ?

Par Olivier, le 8 février 2016