Le fils de l'ours

Au 9ème siècle, après avoir subi le jugement de Dieu et obtenu son innocence vis-à-vis de son époux, l’empereur Charles III, Richarde a été rejetée par ce dernier. Elle se réfugie alors en Alsace où, à la suite d’une apparition divine, elle décide de construire une abbaye au pied du Mont Sainte-Odile, à l’endroit où elle croise une ourse et son petit. Une fois édifiée, Richarde devient abbesse et recueille des chanoinesses qui ont la possibilité de quitter le voile pour se marier.

Quelques neuf siècles plus tard, le massif des Vosges est libéré du dernier ours, tué par Sutter un chasseur de Metzeral. Une fête est organisée par celui-ci au cours de laquelle Matthis, son fils, retrouvent les sœurs jumelles Eva et Maria. Elles sont toutefois chassées par Sutter qui ne les aime pas. La nuit venue, l’une des jumelles retrouve Matthis et lui fait m’amour. Quelques temps plus tard, Eva et Maria découvrent qu’un autre ours, le mâle de l’ourse tuée plus tôt, rode dans les environs. Elles décident de le rechercher pour le sauver des chasseurs mais Eva disparaît. Une battue est organisée mais elle ne donne rien. Eva serait-elle morte emportée par l’ours pourchassé ?

Par phibes, le 23 décembre 2019

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Notre avis sur Le fils de l’ours

Fidèle à sa réputation de grand conteur de récits inspirés de légendes régionales, Jean-Claude Servais refait un passage dans les bacs quelques deux mois après la réédition de L’almanach en noir & blanc et douze mois après Le chalet bleu. Amateur du territoire ardennais côté belge, l’artiste a décidé cette fois-ci de faire un petit écart en narrant une histoire qui puise ses racines dans les contrées alsaciennes et vosgiennes.

Le fils de l’ours se veut une histoire qui a l’avantage de prendre naissance à partir d’un fait historique, celui concernant l’impératrice Richarde, son intervention pour la construction de l’abbaye d’Andlau et son attrait pour les ours. Fort de cette base réelle, le récit fait un bond temporel pour se décliner dans une fiction aux accents dramatiques.

Dans une évocation que l’on concèdera classique, Jean-Claude Servais mène l’histoire d’une poignée de personnages liés à la disparition d’une jeune femme et à la naissance d’un enfant auprès d’un ours sauvage. L’émotion est au rendez-vous, permettant ainsi de passer un bon moment de lecture, portée par un amour rendu impossible par un père obtus, animée par la volonté extraordinaire du jeune Adalric et par une intrigue à l’échelon humain somme toute prégnante.

Evidemment, la partie graphique se veut d’une qualité exceptionnelle. Jean-Claude Servais reste dans les mêmes dispositions réalistes que dans les tomes précédents, se faisant fort de mettre en avant une nature généreuse, identique à celle qu’il côtoie. Ses superbes décors que l’on peut admirer au fil des planches mettent en exergue la beauté des lieux grâce à un coup de crayon efficace et une somptueuse colorisation signée Raives. Les personnages ont aussi une réelle présence comme par exemple les sœurs jumelles Eva et Maria partagent une unité parfaite.

Une bien belle histoire qui met l’homme face à la nature, signée par un conteur hors pair !

Par Phibes, le 23 décembre 2019

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