Le fils de Pan

Alors qu’il espère toujours réintégrer le Thiasos, auprès de Dinysos, le satyre Eustis se voit confier, par la déesse Sélène, le soin de s’occuper du fils qu’elle a eu de Pan, de lui montrer le monde, de l’aider à trouver sa place, sa « spécialité » de Dieu. Mais Eistis ne sait pas très bien comment se débrouiller dans cette tâche. Il lui faut alors trouver un dieu de rang supérieur afin de lui confier l’enfant… Direction Athéna…

Pendant ce temps, Zoé, la fil du vieil homme qui a jadis accompagné le satyre dans ses aventures, décide de s’installer dans la maison de son père. D’un caractère extrêmement cartésien, elle reçoit la visite d’Eustis, de l’enfant et d’un étrange chat qui parle, que se passe-t il ? Elle écoute le satyre lui raconter ses aventures… Rêve-t elle, ou est-ce la réalité ?

Par fredgri, le 11 septembre 2023

Notre avis sur Le fils de Pan

On se souvient encore, avec émerveillement, du magnifique second album de Fabrizio Dori, sorti en 2019, Le dieu vagabond, qui nous présentait les errements d’Eustis, le satyre, séparé depuis des milliers d’années du Thiasos qui accompagne le dieu Dionysos lors de ses vagabondages éthyliques à travers la campagne. Désormais évoluant parmi les mortels, le satyre passe son temps à flâner, boire et éventuellement prédire l’avenir contre une bouteille à qui le lui demande.
Mais voilà, alors qu’il pensait avoir réussi à retrouver les siens, il se rend compte que ces siècles loin d’eux l’ont bloqué dans le monde des mortels. Il s’interroge, déprime un peu et soudain se voit confier la charge de mener le jeune fils de Pan et Sélène à travers le monde, afin de l’aider à comprendre qui il est, son rôle et ses attributs de Dieu. Ainsi, revoilà le satyre reparti à l’aventure, d’une part pour tenter de se débarrasser du gamin, mais ensuite pour effectuer les missions que va lui confier Athéna.

Le ton du scénario est résolument à la nonchalance et aux révélations profondes pour Eustis qui va progressivement comprendre que ce voyage qu’il entame avec cet enfant sans nom c’est autant pour essayer de se découvrir une âme plus paternelle qu’il ne pense pas posséder, mais surtout c’est une occasion de faire le point sur son passé, les regrets de son ancienne vie avec le Thiasos, et son destin.
Il n’y a donc pas forcément de grande intrigue, tout du moins ça n’est peut-être pas le plus important, ce qui compte « c’est le voyage lui-même », cette expérience ou se bousculent les épreuves labyrinthiques pleines de mystères, qu’il faut interpréter comme les prêtres le faisaient jadis avec les oracles de la Pythie, à Delphes, les visions que perçoit le satyre qui ne cesse de répéter le bonheur qu’il avait à jadis accompagner les adeptes du dieu du vin.

Une mythologie modernisée, entre reflets antiques et décors ruraux actuels, complètement réappropriée par Fabrizio Dori qui s’amuse à évoquer cet univers fantasmagorique dont le reflet persiste dans notre réalité.
Toutefois, c’est principalement sur le plan graphique que l’artiste déploie toute sa virtuosité et toute son imagination. A nouveau, les planches sont absolument sublimes, les styles varient, la mise en scène se veut inventive, audacieuse et régulièrement nous sommes tout simplement éblouis par des pages qui nous laissent sans voix. Le Dieu Vagabond poussait déjà la maestria visuelle, dans ce nouveau volume l’artiste va peut-être encore plus loin !

Une magnifique surprise que je vous conseille vivement de lire, sans plus attendre.

Indispensable.

Par FredGri, le 11 septembre 2023

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