Le gigot du dimanche

On dit que Mémé a caché un tas de Louis d’or quelque part, soit dans la maison, soit dans le jardin, personne ne le sait vraiment. Mais pourtant, chacun aspire à mettre la main sur le magot.
Ce 17 mai 1981, Mitterrand vient d’être élu à la présidence, et cette nouvelle gauche qui arrive à l’Élysée fait râler ceux qui s’imaginent déjà voir défiler les chars russes au 14 juillet. Dans cette ambiance de frustration mêlée de triomphalisme, la famille se rassemble autour de Mémé et compte bien lui extorquer l’emplacement de son trésor, même s’il faut pour ça utiliser son amour pour son arrière-petit-fils Pilou…

Par fredgri, le 28 avril 2024

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Notre avis sur Le gigot du dimanche

Parfois il est bon d’apprécier une simple petite comédie familiale, sans prétention, qui se savoure tranquillement, au gré des dialogues finement ciselés, des petites boutades tendres amères que les uns et les autres aiment se lancer. Ils se connaissent tous et comme dit l’adage « La famille, c’est pas comme les amis, on ne la choisit pas », alors il faut vivre avec les petits travers de l’oncle, l’enthousiasme débordant de la mère, les petites manières du cousin, mais surtout les secrets à peine avouables qui se glissent dans un coin et qui ressurgissent quand on s’y attend le moins.

Philippe Pelaez aime ainsi décortiquer avec tendresse cette famille très hétérogène qui semble animée d’un même élan dès qu’il est question d’aller rechercher le trésor enfoui de la Mémé, mais qui a du mal à tenir une conversation tranquille sans aller s’écharper à table, autour du gigot mitonné avec soin par le vieille dame.
Pour épicer un peu tout ça, le scénariste place son intrigue le lendemain des élections de 81, quand la Gauche vient de passer au gouvernement, réanimant le spectre stalinien et le cauchemar d’un communisme collectiviste qui fait encore peur. Et même si cette ambiance post élection reste de l’ordre de l’anecdotique, elle permet au récit de se teinter de grandes envolées passionnées qui scindent la cellule familiale en brassant tous les préjugés qui courraient à cette époque (ne nous voilons pas la face, rien n’a vraiment changé depuis, de toute façon), histoire d’avoir des échanges de plus en plus animés. Évidemment, s’il n’avait eu que la recherche de Louis d’or pour alimenter les conversations, on n’aurait pas été bien loin.
Il se dégage donc de ces planches une douce ambiance, assez coquasse à certains moments, plutôt drôle à d’autres, parfois mélancolique, parfois cruelle ou même dramatique, mais toujours très naturelle. L’écriture est presque entièrement concentrée sur les dialogues, avec néanmoins une mise en scène qui fonctionne vraiment bien, toute au long de cette journée en famille.

Graphiquement, c’est du beau travail, très expressif, avec un style qui correspond à merveille aux ambiances de l’histoire.

Un récit complet qui propose une belle pause lecture.
Très conseillé.

Par FredGri, le 28 avril 2024

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