Le Gouffre des résurrections

En mai 1846, au départ de Blackwall, l’Amiral Haven Greenwood entame une nouvelle expédition, en apparence destinée à traverser le passage du Nord-Ouste de l’Antarctique, mais en secret, il entreprend de retrouver une mystérieuse grotte sensée redonner vie aux morts, afin de ressusciter sa première femme, Eleanore. Deux ans plus tard, sans nouvelles de son mari, la jeune seconde épouse de Haven, Pearl, bien décidée à retrouver sa trace, organise une nouvelle expédition qu’elle va diriger d’une main de fer, bravant les dangers des terres gelées, entourée d’un vieil amiral plein d’expérience et de sa nièce extralucide pour la guider…

Par fredgri, le 10 septembre 2024

Notre avis sur Le Gouffre des résurrections

A la base de cette histoire il y a le récit de la tristement célèbre expédition Franklin qui marqua les mémoires au milieu du 19e siècle.

En effet, en 1845, le capitaine Franklin entreprend une expédition qui avait pour objectif de réussir la première traversée du passage du Nord-Ouest et l’exploration de l’Arctique, mais qui a fini par se perdre sur les terres gelées. Trois ans plus tard, sans nouvelles depuis des mois, Jane Griffin, l’épouse de Franklin, force l’amirauté britannique à lancer une campagne de recherche pour retrouver son mari… En vain… A partir de cette base Hirodjee remplace le capitaine Franklin par l’amiral Greenwood et sa femme Jane par la jeune et dynamique Lady Pearl. Il modifie aussi les objectifs de l’expédition qu’il teinte de fantastique et intègre la jeune femme au cœur de l’action.
On se rend vite compte que même si les fondations sont les mêmes, le scénario de ce Gouffre des résurrections s’en échappe progressivement pour glisser vers l’horreur pure autour d’une intrigue extrêmement bien menée. On suit ainsi Pearl dans sa volonté de braver les éléments, de retrouver son mari, même si elle devine que ce dernier est toujours hanté par l’inconditionnel amour qu’il portait à sa première femme Eleanore. La jeune femme déploie une énergie impressionnante qui force le respect des hommes d’expérience qui l’entourent. Et il faudra bien ça pour affronter ce qui l’attend.
Hirodjee rythme son récit avec efficacité, nous plongeant dans les salons huppés de la haute société anglaise, puis sur la banquise, entouré de zombies de toute sorte. On ne lâche pas l’album du début à la fin, pris dans cette relecture passionnante d’un des grands drames de l’aventure humaine.

Graphiquement, Gabriel Rodriguez, que l’on connait surtout sur l’excellente série Locke & Key ou encore sur la mini-série Little Nemo, retour to Slumberland, livre avec cet album son premier travail pour le marché Franco-Belge et force est de reconnaître que son style se plie parfaitement à l’exercice. Le trait est évidemment beau et expressif, les compositions inspirées et la maîtrise des cadrages simplement parfaite. L’artiste soigne les détails, les références historiques, les vêtements d’époque, les décors etc. Tout est précisément ciselé. Une vraie leçon de bande dessinée.

Le gouffre des résurrections se révèle une très bonne surprise à côté de laquelle il serait dommage de passer.

Vivement recommandé.

Par FredGri, le 10 septembre 2024

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