Le jeu des dames

Un lycéen complètement introverti va voir entrer dans sa vie un curieux personnage, un homme d’à peine quelques années de plus son aîné. Ce dernier – il se fait appeler Monsieur Androuze – va le conduire dans une sorte de parcours initiatique, le "jeu des dames", utilisant pour arriver à ses fins toutes sortes d’atouts bien étrangers au jeune lycéen : l’aisance, le bagou, le toupet…

Par sylvestre, le 1 janvier 2001

Notre avis sur Le jeu des dames

Le jeu des dames est comme un plat qui ne dit pas forcément grand-chose, mais qu’on goûte pour avoir essayé… Et dont le goût agréable ne chatouille les papilles qu’un peu après avoir terminé, laissant un certain sentiment de satisfaction et un goût de "revenez-y".

En effet, Le jeu des dames est une œuvre très spéciale. Autant le dire tout de suite. De par sa narration et de par l’histoire, d’une part. Et de par le graphisme et ses couleurs délavées, presque sales, d’autre part.

D’entrée, on est quasiment en présence de caricatures : les méchants camarades de classe ont les traits sombres et appuyés, ce qui les différencie vite de l’un des deux principaux héros, dessiné beaucoup plus frêle, plus chétif, et ceci avec un dessin plus fin.

Puis arrive celui qui se présentera comme Monsieur Androuze (Andros + partouze ?). Et déjà, on sent un malaise : on se demande comment le lycéen (qu’on ne connaîtra que sous un nom qui n’est pas le sien :  Pino) peut laisser entrer dans sa vie, si brutalement, quelqu’un dont il a peur au premier abord, quelqu’un en qui il n’a aucune raison d’avoir confiance. Surtout que très vite, c’est carrément chez le jeune lycéen que se retrouve Androuze, lui proposant de le "coacher" pour lui montrer que vivre sur la réserve comme il le fait n’est pas bien terrible… Ce que l’intéressé accepte. Curieux, improbable. Mais cette hypothèse est le fondement de la suite…

Les comportements des deux hommes sont bien évidemment diamétralement opposés, et c’est ce qui fait qu’ils forment un couple insolite, propice à être le centre d’une histoire (et bé, tiens, justement…) Si la timidité et la maladresse de "Pino" ne sont pas excessivement développées, le comportement d’Androuze devient par contre le centre du récit et lui offre son dynamisme : Androuze a ce culot qui lui permet de se faufiler partout, de retomber sur ses pattes, de se faire passer pour ce qu’il n’est pas. Et il manie les mots d’une manière si originale, affublant même son poulain d’un prénom qui n’est pas le sien, ne concevant aucune honte à voler ou encore à se promener habillé en femme (eh oui, c’est Androuze que vous voyez sur la couv !)

Bref, un décalage total. Et pour "Pino" qui vit là une véritable initiation loufoque ; et pour le lecteur aussi, qui en viendra à ne plus être étonné par cette séquence dans laquelle le lycéen se promène nu !!!

Etrange expérience de lecture, donc, que ce Jeu des dames signé par l’auteur d’Enfer portatif, François Ayroles : le lecteur oscille toujours entre deux sentiments : la crédibilité des situations de cette aventure originale et bancale, et l’envie de dire que c’est vraiment du n’importe quoi !

Le mieux, c’est de le lire. "N’est-ce pas, Monsieur Androuze ? Que feriez-vous, vous ?"   😉

Par Sylvestre, le 13 février 2007

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