Le jour le plus long du futur

Lucas Varela on le connait depuis quelque temps, surtout grâce à ses remarquables albums "Paolo Pinocchio" et "Diagnostics" qui nous montraient l’incroyable habileté de cet artiste hors norme qui aime jouer avec ses mises en page, avec le format, les styles graphiques et une narration très personnelle et d’une grande fluidité !

Dans ce nouvel album, il nous entraîne dans un futur hypothétique peuplé de robots divers, de machines volantes, d’une technologie qui s’immisce dans toutes les strates de la vie quotidienne. Dans ce futur, deux énormes groupes industriels se font la guerre à grand renfort de publicités comparatives et agressives. Au milieu de tout ça, des employés de bureau et un robot se retrouvent mêlés à une étrange affaire d’espionnage industriel qui part très vite en live !
Et c’est ce qui rend l’album si difficile à résumer car l’intrigue n’est en soi pas très importante, elle sert surtout de fil conducteur pour le reste, tout le délire qui va suivre, même s’il s’agit d’un délire somme toute très cohérent… De plus, Varela opte pour une histoire sans dialogue, tout passe par le cadrage, les regards, les effets de transition, c’est particulièrement efficace. Mais cette technique évite aussi aux lecteurs de se perdre dans des explications trop littéraires, il faut se laisser mener, s’immerger dans le récit et en comprendre intuitivement la logique. Petit à petit tout devient limpide, on est captivé !
Le scénario est d’autant plus habile et intelligent qu’il arrive à faire passer des idées assez audacieuses sans un seul mot !
Graphiquement, c’est vraiment magnifique. Un trait extrêmement pur, en ligne claire, avec ce qu’il faut d’expression, d’une légère touche cartoony… C’est un vrai régal d’un bout à l’autre.

On se laisse vite conquérir par cet exercice de style très ambitieux qui nous montre d’une part que Lucas Varela est une valeur sure qu’il faut absolument surveiller de très près, d’autant que chaque album est d’une très grande maîtrise tant formelle que narrative, mais ensuite qu’il est possible de faire de la SF complètement atypique, ludique, à la fois légère tout en restant sérieuse et profonde… !

Ce "Jour le plus long du futur" est un album que je vous conseille vivement. A découvrir sans plus attendre !

Par FredGri, le 14 mai 2015