Le Loup

Cette nuit encore, la louve s’attaque au troupeau de moutons de Gaspard, au coeur du massif des Ecrins. Mais, cette fois, c’est le vieux berger qui a le dernier mot. Il abat l’animal. Il ne voit pas le louveteau dans la pénombre. Orphelin, il va devoir apprendre à survivre comme il le peut.

L’hiver suivant, Gaspard tombe sur le jeune loup alors qu’il chasse. Il reconnait tout de suite les traits de la louve dans sa progéniture. Il ne le tue pas et lui abandonne les abats du gibier.
« On réglera ça plus tard. Entre adultes. »

Par legoffe, le 24 juin 2019

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Notre avis sur Le Loup

Après le succès de sa BD « Ailefroide, altitude 3 954 » l’an dernier, Jean-Marc Rochette nous entraîne à nouveau dans le massif des Ecrins. L’histoire est, néanmoins, très différente. La montagne n’est plus l’objet du défi, mais l’arbitre du duel haletant entre un vieux berger et un loup solitaire.

Nous suivons ainsi Gaspard dans sa vie solitaire, qui se sent plus proche de son chien et de ses moutons que des humains. Le loup fait partie de son quotidien de berger. Mais l’animal solitaire, qui va soudain se mettre en travers de son chemin, va engendrer une situation d’une toute autre dimension, qui va tourner à l’obsession.

Les paysages sauvages, désertiques et verticaux du massif des Ecrins vont offrir un décor à la mesure de l’impressionnante confrontation qui s’annonce. La montagne majestueuse va devenir un lieu progressivement plus inquiétant, plus hostile, sans que la nature ne se départisse jamais de sa beauté. L’homme et le loup s’épuisent et prennent le risque de se perdre dans un combat qui prend une tournure démesurée, frôlant la folie. Ils deviennent alors les héros d’un duel aussi vain que futile, au milieu d’une nature qui est plus grande qu’eux.

Le lecteur se laisse piéger par un Rochette très malin, qui joue des peurs et des fantasmes accumulés sur le loup au fil des siècles pour nous faire imaginer les intentions du loup. Cette bande dessinée est un drame poétique, fort en émotions, à la limite du conte moderne, mais baigné de réalisme.

Le dessin, lui même, est d’une grande intensité, joliment mis en couleur par Isabelle Merlet.

Rochette doit puiser sa force dans les cimes qu’il aime tant. Cela se voit. Il livre ici une ode magnifique à la nature et à l’aspiration de chaque créature terrestre à vouloir en faire partie à sa manière. Sans doute son plus bel album.

Par Legoffe, le 24 juin 2019

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