Le Manteau

Tous les matins, Akaki Akakiévitch Bachmatchkine rejoint son travail et s’attèle avec zèle à sa tâche de fonctionnaire : copier des lettres. Peu importe que le courrier tourne en vase clos selon une machinerie toute kafkaïenne, Akaki copie, recopie et en ramène le soir jusque chez lui.
Le retour de l’hiver surprend le héros qui ne peut plus garder son vieux manteau troué, objet de toutes les moqueries. Akaki se rend donc chez un tailleur, artiste machiavélique, querelleur et sombre, qui l’oblige à sacrifier les 40 roubles économisées le temps d’une vie.
Mais le vêtement qu’il lui confectionne se révèle être une bénédiction : Akaki devient soudain visible aux yeux des autres. Il acquiert même un autre statut dans son entreprise et se retrouve pour la première fois invité à une soirée. Hélas, sur le chemin du retour, des voyous lui tombent dessus et lui dérobent son manteau. C’est alors le début des cauchemars et de la fin…

Par geoffrey, le 9 juillet 2014

Publicité

Toute la BD, que de la BD !

Notre avis sur Le Manteau

Bien que n’ayant pas lu la nouvelle de Nicolas Gogol, écrite en 1840, je trouve l’adaptation du Camarade québécois sublime. Dans cet univers kafkaïen propice à l’éparpillement, Boloney ne perd pas le lecteur. Au contraire, il le conduit au plus près, sur les pas d’un fonctionnaire triste tout droit sorti d’une Europe de l’Est des années 1970.

Il utilise pour cela un dessin polymorphe et maîtrisé, adoptant un style pour raconter la naissance du héros et le milieu désuet d’où il est originaire, un autre pour montrer le quotidien du copiste, puis encore un autre à base de ligne claire pour illustrer l’ubuesque ou le gag. Les personnages à gros nez et à la morphologie influencée par Will Eisner et la couleur de la gouache collent parfaitement à l’ambiance "soviétisante". La mise en page soignée et le format carré renforcent la bonne impression.

Sur le récit, le seul bémol tient dans le personnage du tailleur qui n’est, à mon sens, pas assez développé. Ceci ne gêne néanmoins nullement l’histoire qui est surprenante d’actualité dans sa critique de la société, du monde du travail et du superficiel. Et en cela, Boloney a réussi ses défis : mettre en image les mots du romancier et le côté absurde et dément, mais néanmoins profond de l’œuvre.
Chapeau… euh, chapka bas !

Par Geoffrey, le 9 juillet 2014

Publicité