Le marathon de Safia

Safia Lima aime courir et a l’intention de devenir marathonienne. Toutefois, elle se heurte à l’incompréhension de son père Idir, musulman pratiquant et ouvrier en bâtiment, qui voit d’un très mauvais œil que sa fille s’adonne à un sport d’homme. Compte tenu de ses grandes aptitudes, elle bénéficie de l’appui de son professeur d’éducation physique qui négocie auprès de sa famille son inscription au sein du club du mercredi pour parfaire son entraînement. Force est de constater que Safia, qui va enfin obtenir la bénédiction de son père à la suite d’un accident de chantier, est en passe d’atteindre, à force de sacrifices, le but qu’elle s’est toujours fixé, courir le marathon au plus haut niveau.
 

Par phibes, le 1 janvier 2001

Notre avis sur Le marathon de Safia

Très belle histoire que celle de Safia, contée avec brio par un passionné des performances. Didier Quella-Guyot, professeur de lettres et grand fervent d’Histoire et du 9ème art, s’inspire, pour les besoins de sa fiction, de la destinée de grands marathoniens qui ont marqué l’histoire du sport par leurs exploits parfois atypiques. De fait, il nous propulse dans un futur très proche, dans une période s’étalant de 2013 à 2024 (cette dernière date étant celle des Jeux Olympiques d’athlétisme qui se dérouleraient à Paris) et se focalise sur le quotidien d’une jeune femme, Safia Lima.

Cette dernière, personnage tout en sensibilité et doté d’une volonté de fer, se présente à nous. Issue d’une famille d’origine marocaine modeste, elle se trouve coincée entre les préceptes religieux réducteurs de son père et son envie démesurée de pratiquer la course à pied. Aussi, elle se doit de faire preuve d’une patience et d’une détermination phénoménale pour pouvoir assouvir son désir le plus cher tout en composant avec sa famille jusqu’à la consécration finale. Tel est son marathon qui s’étale sur plus de 11 ans.

Didier Quella-Guyot parvient, en quelques foulées scénaristiques, à camper ses personnages, leurs aspirations les plus diverses, leur mode de vie, dans une simplicité admirable, presque naturelle. Evoquant ici ou là les grands noms de la discipline, il nous confie sa haute connaissance du milieu marathonien dont les bases lui ont été inculquées dès son enfance. Par le biais de Safia, il expose clairement que le sport est une activité ouverte à tous et peut être pratiquée par tous jusqu’à atteindre des sommets insoupçonnés. De même, il encense la femme dans le sport mondial et porte celle-ci, dans sa féminité volontaire, sur la première marche du podium malgré les diverses pressions familiales, culturelles et religieuses. Afin de bien s’imprégner de ce milieu sportif, un dossier très complet concernant cette discipline est annexé à la BD et apporte de nombreuses explications et anecdotes très intéressantes à découvrir.

Le style du dessinateur d’"Ultimate Agency", qui se confirme dans le présent opus, répond à un travail réaliste très probant. Si la colorisation est sans fioriture extrême, ses dessins, quant à eux, se présentent selon un réalisme bien accrocheur, presque photographique. Les personnages s’expriment selon des postures qui évitent la fixité et évoluent dans des décors, incrustés de photos, qu’il convient d’apprécier à leur juste mesure. La tour du "Stade de la Capitale" que l’on voit en chantier et puis finie est d’un concept architectural attirant et demeure une curiosité de l’album.

Dans leur nouvelle collection "Atmosphères Sport" patronnée par "Eurosport", les éditions Emmanuel Proust frappent fort en ce mois d’Octobre qui, après "Match décisif", produisent avec "Le marathon de Safia" un album digne d’un grand intérêt pour les sportifs, et pour les autres aussi.
 

Par Phibes, le 15 octobre 2008

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