Le Mécanisme

Aout 1981, à San Francisco, Marcus Stalton, un écrivain auteur d’un bestseller vendu à 250 millions d’exemplaires se jette du haut du Golden Gate alors que la fête bat son plein dans son manoir.

C’est un acte calme, réfléchi et pourtant, rien ne semble devoir expliquer un tel geste.

30 ans plus tard, Jonathan Bennett, lui-même auteur et biographe, s’envole pour Majorque. Il vient de terminer un livre sur l’écrivain Robert Graves mais il veut voir les lieux où ce dernier a vécu afin de, peut -être ajouter du texte avant la parution. Voyage prétexte qui va finir par le happer vers un tout autre univers.

Par olivier, le 9 janvier 2024

Notre avis sur Le Mécanisme

Jonathan Bennett est un auteur désabusé. Séparé de son épouse, il a des enfants qu’il décrit comme très distants, voire des étrangers et il a refait sa vie avec une jeune femme qui, elle, tente de le maintenir dans une norme de vie sociale raisonnable.

Arrivé à Majorque, il traine. Sous prétexte de voir les lieux ou Graves, l’écrivain sujet de son dernier livre est passé. Peut-être comme il l’affirme à son éditeur pour ajouter une précision, un détail. Mais en fait, Jonathan est totalement obsédé par le livre de Marcus Carlton, Le Mécanisme, sur lequel il a déjà écrit 3 livres.

30 ans après le suicide de son auteur, cet ouvrage semble toujours susciter autant d’attrait auprès de ses lecteurs. Mais, est ce un roman, un traité, un guide initiatique, on ne le sait pas vraiment.

Il semble que chaque personnage y voie une dimension différente, qu’il n’entre pas dans ce livre avec le même angle et surtout n’en ressorte pas avec la même vision.

Dans son errance sur les routes, Jonathan va faire une curieuse rencontre, mais est-ce vraiment un hasard ?

Qui est ce vieil homme qui l’accueille chez lui, sur une route isolée de l’ile. Un personnage qu’il ne peut s’empêcher de retourner voir. Il semble croire de plus en plus que ce vieux monsieur, au fait des théories du mécanisme ne serait autre que Carlton lui-même qui ne serait pas mort en se jetant dans le Golden Gate.

Le suspense est subtilement distillé par Ángel Trigo qui nous entraine dans un voyage certes géographique, mais surtout vers quelque chose qui est porté par le personnage lui-même. Voilà un album qui interroge sur la puissance de l’écriture et la compréhension que peuvent en avoir les lecteurs. Dans ce qui s’apparente à un huis clos, Angel Trigo interroge, interpelle et dérange. C’est une belle découverte que cet album délicatement mis en image par Gabi Beltran où les pauses dans le récit laissent le dessin exprimer les sentiments, les interrogations et les doutes qui accompagnent le lecteur au fil des planches.

Par Olivier, le 9 janvier 2024

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