Le Mythe de l’Ossuaire – Les Résidents
(Regroupe les « The Bone Orchard Mythos: Tenement » 1 à 10)
Depuis quelques temps, d’étranges bruits retentissent de l’appartement d’un certain Félix. Ses voisins s’en plaignent, mais le vieil homme nie toute responsabilité, jusqu’au moment ou l’on découvre qu’il vient de mourir, en laissant une enveloppe à son jeune voisin, Isaac. Un simple mot écrit sur une feuille de papier: US’UUUL et une mystérieuse clé…
Le lendemain, l’étage de l’immeuble ou habitait Felix et ses voisins est soudain plongé dans une sorte de néant, coupé du monde. Quand l’extérieur s’éclaircit, les locataires s’aperçoivent qu’ils se trouvent désormais dans un autre monde qui évoque l’Enfer… En fouillant chez le vieil homme, ils découvrent un massage, un long escalier qui descend… Commence alors pour eux, un périple horrifique dont ils vont avoir du mal à ressortir indemnes…
Par fredgri, le 3 décembre 2024
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Scénariste :
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dessinateur :
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Éditeur :
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Sortie :
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ISBN :
9791026820543
Notre avis sur Le Mythe de l’Ossuaire – Les Résidents
Après Des milliers de plumes noires et Le passage, voici le troisième volume consacré au Mythe de l’Ossuaire qui permet au duo Lemire/Sorrentino d’explorer un thème qui lui est cher, l’horreur, mais une horreur qui lorgne vers les univers de Lovecraft, sans pour autant réellement le singer.
Dans cet album, nous rejoignons donc un groupe de résidents d’un immeuble, vivants au même étage, qui soudain se retrouve projeté en plein décor cauchemardesque duquel ils vont devoir se libérer en traversant un certain nombre d’étapes. Progressivement, en évoluant au fil des chapitres, ils sont confrontés d’une part à leur propre malêtre, tout ce qui peut les ronger intérieurement, leurs relations familiales, amicales et ensuite à ces épreuves ou ils doivent aussi faire face aux autres, à leurs angoisses et leurs peurs.
Ce procédé narratif n’est en soi pas hyper original, c’est un peu le cœur de nombreuses autres plongées dans les tréfonds de l’âme humaine et le cadre infernal est généralement parfait pour servir de révélateurs aux tourments les plus enfouis. Jeff Lemire se sert donc de ce canevas scénaristique pour explorer la culpabilité des uns et des autres et brosser un portrait collectif touchant et bouleversant. Cependant, il teinte aussi son intrigue de touches régulières d’hermétisme, histoire de faire genre plus mystérieux, appuyé par des textes cryptiques deçi delà, au point ou il est parfois compliqué d’interpréter certaines conclusions. Malgré tout, je dois dire que cette atmosphère, aussi poussive soit elle, fonctionne très bien aussi. On se laisse emporter par ce qui se dévoile à nous, ces décors grandioses, ces ombres inquiétantes et ce ton cérémonieux qui insiste sur cette impression d’évoluer dans une sorte de nuée ténébreuse tout du long.
Graphiquement, même si Sorrentino propose globalement de belles idées de mise en page, on ne peut que regretter qu’il n’aille pas sortir son encrage de sa zone de confort, de son habituelle technique de reprise de photo au 0,1. Voir même de l’usage, très appuyé dans certaines scènes, en fin de volume, plus particulièrement, de l’IA… Ce qui a très vite posé un problème aux États Unis pour les lecteurs, les critiques et surtout l’éditeur… Plus on entre au cœur de l’Enfer, plus le style devient disparate, avec des esthétismes, certes, riches, mais qui interpellent.
Le volume nous promet donc un voyage éprouvant. Pari réussi en partie.
Par FredGri, le 3 décembre 2024