Le Oki d'Odzala
Les financements de leurs missions d’observation des gorilles étant en chute libre, des chercheurs primatologues ont souhaité communiquer et ont accepté, pour cela, qu’un dessinateur accompagne la prochaine expédition sur le terrain. Manuel est ainsi parti pour le parc d’Odzala au Congo, aux côtés de Clémence, de son aide de camp et de deux pisteurs.
L’ambiance est dès le départ très tendue. Clémence, très directive, ne supporte pas de devoir "se traîner" Manuel qui s’apparente pour elle à un boulet qui ne lui sera d’aucune utilité, voire qui sera un obstacle à ses habitudes professionnelles. Le fait est que Clémence est une passionnée, qu’elle sait pertinemment que cette mission risque fort d’être la toute dernière et qu’elle aurait rêvé d’apercevoir un grand gorille blanc qui soit disant vivrait dans le secteur ; gorille blanc qui deviendra une obsession aussi pour Manuel dont les questions auront plus tendance à agacer Clémence qu’à se la mettre dans la poche !
Bon an mal an, les choses se passent et la campagne d’observation a lieu. Mais des faits de braconnage touchent le parc et perturbent la région, mettant en danger les animaux comme les hommes…
Par sylvestre, le 25 juillet 2018
Notre avis sur Le Oki d’Odzala
Suite à un voyage qu’il a effectué au Congo (Brazzaville) et en particulier dans le parc national d’Odzala-Kokoua, l’auteur A.Dan a réalisé un carnet de voyage illustré qui est paru aux éditions La Boîte à Bulles et qui s’intitule Des gorilles et des hommes. Enrichi de cette expérience extraordinaire d’avoir pu s’approcher au plus près de ces grands singes et d’avoir séjourné dans une région qui n’est pas celle à laquelle on pense en premier lieu lorsqu’il s’agit de préparer ses vacances, A.Dan n’a pas voulu s’en tenir à cette réalisation et a imaginé une fiction dans laquelle il pourrait redonner de la place à ces animaux sauvages qu’il a côtoyés mais parler aussi d’autres choses qui, pour lui, restent associées à son voyage : le braconnage et les contes populaires.
Le Oki d’Odzala est un one-shot où la narration en voix off est à la première personne. Elle est associée à Manuel qui est l’avatar de l’auteur ; tout comme Clémence doit être celui de Céline et Marianna. Le récit est bien mené, équilibré entre apports documentaires relatifs à la région ou à la mission de la primatologue, apports fictifs amenant drame et suspense et même apports fantastiques dès lors que la sorcellerie vient tenir sa place dans le scénario.
Pour le côté documentaire, le dessin a bien entendu toute son importance puisqu’il nous renseigne directement sur les ambiances : sur les gens, les lieux, les paysages, les animaux. Et tout ça baigne dans des couleurs majoritairement claires ; quand on a plutôt l’habitude de voir ou d’imaginer les gorilles dans le vert sombre de denses forêts. Cela dit, tout ne se passe pas non plus sous la canopée… De nombreuses scènes se déroulent dans des villages, et la plupart de celles qui se déroulent en forêt ont pour décor des clairières ; question de budget 😉
Le dessin et couleurs servent donc optimalement cette lecture qui est très agréable. Non seulement on "participe" (en touristes, certes) à une mission d’observation, mais on profite en même temps d’une histoire que de nombreux personnages rendent intéressante pour ce qu’ils représentent : des identités "couleur locale" puisqu’ils sont braconniers, gardiens de parc, policiers, gamins ou sorciers…
Le Oki d’Odzala est une fenêtre ouverte sur un univers méconnu et fantasmé qui s’ouvre pour nous grâce à la magie de la bande dessinée. Comme certaines personnes qu’il a rencontrées au Congo et à qui il a demandé qu’on lui raconte des histoires pour nourrir son imaginaire, A.Dan confirme que lui aussi est un excellent conteur !
Par Sylvestre, le 25 juillet 2018
Publicité