Le passager du XXe siècle

 
Hergé est le père d’une famille finalement très nombreuse, mais il est incontestable qu’un de ses "fils", Tintin, a largement pris le dessus sur ses frères et soeurs ! Cet ouvrage renvoie donc souvent et en toute logique à ce personnage emblématique même si le livre a pour sujet Hergé ; dont l’auteur Fabrice Boumahdi a choisi de nous parler par le prisme de différents thèmes tels que le scoutisme, le rapport à la nature, la jeunesse et le sport, les enfants, l’argent, les media, la science, la ligne claire, l’art, le sexe, l’Autre ou encore l’humour… Avant de nous proposer une série de commentaires sur chacun des albums qu’Hergé a réalisés.
 

Par sylvestre, le 21 décembre 2017

Publicité

Notre avis sur Le passager du XXe siècle

 
La lecture de Hergé, le passager du XXème siècle commence par une introduction comptant 11 pages écrites dans un style assez difficile à apprivoiser parce que dense, partant d’entrée un peu dans tous les sens et ouvrant ainsi mille portes qui ne seront finalement qu’entrouvertes et laisseront l’arrière-goût qu’offrent les informations incomplètes. Ces 11 pages sont malgré tout importantes et jouent le rôle de sas : elles donnent au lecteur le temps de s’habituer au style de Fabrice Boumahdi, ce qui, une fois chose faite, permet d’aborder la suite en étant "en phase".

Le parti-pris dans cet ouvrage est de parler de Hergé (et, par extension, de son oeuvre) sans se limiter à une thématique particulière ni en suivant un seul et unique fil conducteur. En traitant son sujet par le jeu de nombreuses approches différentes, l’auteur ne se heurte ainsi pas au tarissement de choses à dire et, en plus de nous dérouler son exposé tintinophile, il profite de cette formule qu’il a adoptée pour étoffer son texte avec des éléments contextuels ou plus globaux qui sont là – et c’est une très bonne chose – pour illustrer ou justifier son propos mais qui, parfois aussi, donnent à certains passages des airs de "hors sujet". Comme par exemple lorsqu’il nous évoque la guerre des Boers et qu’il atteint un niveau de détail qui nous éloigne finalement du véritable sujet.

En cela, les chapitres sont assez hétérogènes : certains nous donnent cette impression d’être un peu trop à côté du sujet quand d’autres, généreusement fournis en observations directement liées à l’oeuvre de Hergé, en ressortent plus intéressants et plus agréables à lire pour les fans du "petit reporter du Vingtième" qui sont venus vers ce livre pour y lire ce genre de choses.

Il en va de même pour les illustrations : si certaines apparaissent logiquement au coeur du texte qu’elles appuient, d’autres semblent avoir été placées de manière un peu aléatoire, à l’instar de celle d’Albert Ier, page 31, qui vient clore le chapitre relatif au scoutisme sans y avoir clairement gagné sa place…

Hergé et Tintin sont des personnages qui ont déjà fait couler beaucoup d’encre. Pas étonnant donc que certaines choses qu’on lit dans Hergé, le passager du XXème siècle aient des airs de déjà-lu. C’est incontournable… Cela dit, Fabrice Boumahdi propose certaines analyses et certaines observations originales ou fort pertinentes : elles justifient dès lors que cet ouvrage soit légitimé pour rejoindre le concert de "dissections" diverses et variées de l’oeuvre et du personnage de Hergé !

Dommage alors que tant de fautes jalonnent les textes ! Dans ce livre, l’auteur et les éditions Honoré Champion pèchent en effet par un manifeste défaut de relecture. Les erreurs d’orthographe et de conjugaison sont vraiment trop nombreuses : elles nuisent ainsi au sérieux qu’on attend d’une collection ambitieuse comme cette collection "Passeurs d’idées". En voir passer une ou deux maintient le lecteur dans le doute : une coquille est toujours possible. Mais quand elles finissent par se compter par dizaines, c’en est trop ! Surtout qu’en plus d’écorcher des mots communs, le fléau s’étend à certains noms propres et c’est ainsi que Sydney devient Sidney, que Carreidas devient Karreidas, ou que Bernhardt devient Bernard alors que (dans ce cas précis) la légende erronée se trouve juste sous une reproduction de carte postale sur laquelle l’orthographe correcte apparaît en toutes et grosses lettres ! Sans parler de quelques phrases un peu bancales, mais bon, elles ne sont pas non plus légion. Enfin, et pour enfoncer le clou une bonne fois pour toutes, on pourra dire qu’on était prévenu dès la quatrième de couverture où le verbe courir est mal conjugué, dans la toute première ligne…!

Des faiblesses marquent donc cet ouvrage. Ce sont heureusement des éléments qu’une réédition saura reléguer au rang de mauvais souvenirs et qui n’empêcheront pas les tintinophiles de se régaler de la lecture d’un livre supplémentaire rendant hommage à Hergé et proposant un éclairage nouveau sur ses réalisations.
 

Par Sylvestre, le 21 décembre 2017

Publicité