Le pauvre type
Joe Matt est un dessinateur obsédé par les nanas, à un tel point qu’il ne regarde plus trop sa copine Trish, qui, à force d’efforts vains, finit par le plaquer.
Au rythme des revues de cul, des vidéos porno et des belles étrangères croisées dans la rue, le gars Joe commence à énerver ses potes et tout ceux qui l’entourent. Jusqu’où cette frénésie onaniste va-t-elle le mener ?
Par fredgri, le 1 janvier 2001
Notre avis sur Le pauvre type
Lire "Le pauvre type" c’est entrer dans un univers agaçant, tant ce gars peut être un pousse au crime : -) Ca n’est que suite de plaintes, mépris et tergiversations autour de ses déboires amoureux. Ce mec là ne sait pas comment s’y prendre pour ne pas être un con… Et du coup il met tout sur papier, ses pensées les plus intimes jusqu’à ses fantasmes les plus crus !
Bon on est aux antipodes des journaux intimes intellectualisants, ici on est plus dans un défouloir. Mais ce qui est, à la longue, énervant c’est que l’auteur, comme le héros (très vite on ne les distingue plus l’un et l’autre) ne tire aucune leçon de ce qu’il vit, aucun recul (si ce n’est au travers de ses planches mais bon il semblerait que le message ne passe pas) et du coup on a parfois envie de lui dire "arrête tes conneries, cette nana est géniale" !
Joe Matt fait partie de cette jeune génération d’auteurs américains comme Seth, Chris Ware… qui prennent leur quotidien, en nourrissent leur fiction ou non mais se servent de ce qui les entoure pour créer. J’aurais tendance à me dire que ce Matt est quand même le plus mineur de la bande ! Malgré tout ce mouvement intimiste est très important car il a surtout permis à toute une jeune génération de créateurs de pouvoir s’exprimer en dehors des créneaux habituels de la BD. Alors que ce soit énervant ou grandiose cet album est surtout très représentatif d’une mouvance qui tend à amener des regards décalés sur l’homme lui même, sur le créateur en prise avec le monde qui l’entoure, qu’il y soit un pauvre type ne change rien au fait qu’il est avant tout un être humain qui vibre. Bien sur ça n’a pas la sensibilité d’un Craig Thompson, ni la virtuosité exagérée d’un Crumb, et je suis encore assez mitigé vis à vis de cet album, tant le phénomène d’identification est impossible entre le lecteur et l’auteur ! Néanmoins, la collection Outsiders de Delcourt promet de très belles choses et son directeur, qui vient du Seuil, est un homme aux goùts très surs, j’ai peut-être dù passer à côté d’un truc ! De plus, encore une fois, c’est vrai que ça me rappelle certain Crumb, ça n’en a pas le génie inhérent mais quand même… D’un autre côté, mis à part les dessins qui sont vraiment excellents, l’ensemble est tellement fade et mou que je n’ai eu qu’une envie, passer à autre chose !
De plus cette nouvelle édition permet de mettre bien plus en avant l’oeuvre qui fut déjà traduite chez les Humano dans la collection Tohu Bohu sous le titre de Peep Show, une nouvelle traduction, une couverture très attractive. Bref, je vous conseille au moins de le feuilleter, pour le reste c’est vous qui verrez !
Par FredGri, le 27 septembre 2008
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