Le pavé de Paris

Emmanuel Guibert arpente donc les rues de Paris, il s’arrête, il croque une silhouette, une ruelle, une statue, un détail de caniveau, avec ce qu’il a sous la main, il nous raconte ses souvenirs à déambuler au gré des quartiers, des façades qui se succèdent, il s’assoit à la terrasse d’un bar, observe un profil, une femme penchée sur un livre, un pull rayé, la forme d’un nez…
Sous ses crayons, l’inconnu se fige dans un instantané, sur le coin d’un carnet… C’est la mémoire vivante d’une ville des yeux d’un artiste, incognito qui accumule les clichés pris sur le vif, sans idée préconçue, sans arrière pensée.
Se dessine alors un paysage imaginaire, flou, une ville fantasmée, presque anonyme, qui s’efface derrière la trace, sous une fine couche d’aquarelle…

On redécouvre ainsi cette nouvelle Paris, transformée par le regard de Guibert, ville plurielle, ville humaine qui se devine en suivant une silhouette sur un mur, dans le reflet de l’eau autour d’un gant perdu…

Si l’artiste évoque, par quelques textes, des épiphanies éphémères, des moments qui ne durent que l’espace d’un instant, c’est pour mieux nous transporter dans la légèreté de ce qu’il expérimente.
La vie du crayon, le sourire devant une bouille pittoresque…

Si ce petit pavé (assez cher au demeurant, je le signale) ne propose pas vraiment de grand bouleversement, il nous entraîne au moins dans une agréable errance pleine de petits flash.
A savourer tranquillement, assis, pourquoi pas, à une terrasse ou sur un banc public, en laissant traîner nos yeux deçi delà !

Par FredGri, le 23 novembre 2020