Le pays des purs

 
Sarah Caron est grande reporter et c’est pour le prestigieux magazine Time qu’elle est allée à Lahore, en 2007, interviewer Benazir Bhutto, à l’époque principale et charismatique opposante au régime pakistanais. Or, c’est pendant cette rencontre que Benazir Bhutto et tous ceux qui l’entouraient se sont vus signifier une assignation à résidence ! Pour les proches de la figure politique, la situation était dramatique ! Pour la journaliste française, l’expérience fut plutôt une aubaine dont elle sut tirer profit en transmettant de nombreux clichés de ce huis clos inattendu. Un mois après, Benazir Bhutto était assassinée lors d’une apparition publique… Sarah Caron aurait dû être sur les lieux mais avait subi des contre-temps. Quand elle arriva enfin, elle prit toutefois de nombreuses photos pour "documenter" le reportage qu’elle ferait malgré tout du tragique événement. Mais elle se fit repérer et poursuivre par des individus menaçants. Elle fit donc confiance à l’aveuglette et, de fil en aiguille, rencontra des gens et prit des contacts qui, dans la foulée, lui permirent de parcourir le Pakistan et d’aller réaliser des reportages jusqu’en territoire taliban…
 

Par sylvestre, le 5 septembre 2017

Publicité

Notre avis sur Le pays des purs

 
Les vies des grands reporters sont forcément jalonnées de moments mémorables puisqu’ils sont appelés à se rendre dans des contrées où peu de leurs lecteurs vont et rencontrent des personnalités parfois difficilement approchables aidés qu’ils sont par leur statut de journaliste ou grâce à des carnets de contacts qu’ils passent leur carrière à étoffer. Sarah Caron travaille pour de nombreux magazines très connus, elle a obtenu des prix et a vu certaines de ses photographies exposées à l’international. Elle a elle aussi dans son CV des "faits d’armes" et il lui est arrivé, à elle aussi, de se trouver au bon moment et au bon endroit, notamment quand c’est toute seule qu’elle s’est retrouvée en 2007 sous le même toit que Benazir Bhutto alors que le gouvernement Musharraf assignait cette dernière à résidence.

La situation était tendue mais la reporter n’a vu que l’aubaine, le scoop, l’exclusivité ! Et tout était presque trop facile puisqu’à ce moment-là, Sarah Caron côtoyait l’élite et disposait de moyens techniques pour envoyer les clichés qu’elle prenait. Pour autant, la journaliste n’est pas que portraitiste du gratin et comme s’investir dans sa mission de reporter en pays instable guide généralement l’ambitieux à aller voir plus loin que le bout de son objectif… elle ne s’est pas, cette année-là, contentée de cette expérience originale.

Dans Le pays des purs, bande dessinée mise en images par Hubert Maury qui a lui-même vécu au Pakistan, ce sont les dessous de ces folles journées en quête de la photo parfaite et du reportage inédit qui nous sont contées. Les coulisses de l’exploit, au plus près du sujet, et en l’occurrence du danger. Un regard sur ce qui existe avant que vous feuilletiez votre magazine vous relatant ce qui se passe à l’autre bout du monde, là où personne ne va parce que c’est dangereux.

Cette lecture est intéressante à plusieurs titres : parce que c’est une histoire vraie, parce que l’intérêt est historique et politique mais se savoure aussi sur le plan de l’aventure… Enfin, parce que les situations vécues par Sarah Caron, ainsi concentrées sur 170 pages, assurent au récit un rythme haletant et font de cette BD un témoignage exceptionnel, un autre reportage – en outre – au palmarès de Sarah Caron qu’on applaudit bien sûr aussi au passage.
 

Par Sylvestre, le 5 septembre 2017

Publicité