Le Père-Lachaise

Le scénariste Sébastien Floc’h nous propose une visite guidée dans les allées du cimetière du Père-Lachaise, à la rencontre des histoires et légendes qui entourent ce lieu et ses résidents !

Par v-degache, le 24 novembre 2024

Notre avis sur Le Père-Lachaise

Entrée principale du cimetière, en 2014 (©ConnieMa)

Les éditions Delcourt nous emmènent faire une chouette balade dans les allées du cimetière du Père-Lachaise, à travers le portrait de quinze de ses résidents permanents, et de celui qui a lui donné son nom, François d’Aix de la Chaize, confesseur de Louis XIV durant 34 années, mais qui repose à l’église Saint-Paul.
La demeure de François, ainsi que le domaine attenant, sont vendus lorsque l’ordre jésuite est expulsé de France par Louis XV au début des années 1760. Rachetée par la ville de Paris, la propriété est choisie par le préfet de la Seine et de Paris pour devenir un nouveau cimetière, alors que celui des Innocents, au cœur de la capitale, est saturé. Il ouvre en 1804, accueillant les sépultures de Molière et de Jean de la Fontaine en 1817, et sera renommé par le public « Cimetière du Père-Lachaise ». 70 000 tombes le composent aujourd’hui, pour une superficie de 44 hectares !

La demeure du Père la Chaize !

Seize dessinateurs sont mobilisés pour livrer une partie de l’histoire du lieu et de ses habitants. Si les styles de ceux-ci sont très divers, le scénario de l’ensemble est signé par Sébastien Floc’h, ce qui apporte une certaine homogénéité à l’ouvrage collectif. Ainsi, chaque chapitre suit la même trame. Après la partie biographique, le récit s’attarde sur l’histoire de la sépulture, avant qu’un sympathique et mystérieux chat noir nous invite à différencier ce qui relève de l’Histoire ou de la légende !
Cette plongée dans l’histoire et les mystères du Cimetière du Père-Lachaise se révèle passionnante, la construction du récit évitant l’impression d’empiler des notices biographiques sur ces morts plus ou moins prestigieux. Si l’on retrouve quelques points de passage obligés, comme Jim Morrison, Oscar Wilde, ou le gisant de Victor Noir usé à des endroits que la morale nous interdit de nommer, on prend aussi plaisir à découvrir des parcours beaucoup moins connus du grand public.

La tombe de Jim Morrison, avant le vol du buste, dessinée ici par Sylvain Dorange !

L’écrivain belge George Rodenbach (Bruges-la-Morte) et sa tombe entrouverte afin de lui permettre de se balader dans les allées à la nuit tombée, à condition qu’une rose soit déposée devant lui, la danseuse et muse de Toulouse-Lautrec, à la vie incroyable, Jane Avril, ou le tombeau haut de 20 mètres du diplomate Félix de Beaujour, viennent par exemple peupler ses pages passionnantes.

Tombe de l’écrivain belge Georges Rodenbach (1855-1898) en 2005 (©Wp82)
20 mètres de haut pour le tombeau de Félix de Beaujour, réalisé par François-Alexis Cendrier, dessiné ici par Alexis Vitrebert !

La volonté de déconstruire un certain nombre de mythes et légendes tournant autour de ces défunts participe aussi à renforcer la curiosité et l’intérêt pour l’ouvrage ! Sans bien sûr gâcher votre plaisir de lecteur ou de lectrice, vous serez probablement déçus d’apprendre que le testament de la baronne Élisabeth Alexandrovna Stroganoff, promettant deux millions de roubles à celui qui passerait 365 jours et 366 nuits consécutifs dans son tombeau n’a jamais existé, ou que le vol des attributs de la statue du monument funéraire d’Oscar Wilde n’est absolument pas le fait de deux Anglaises lubriques !

Tombeau d’Élisabeth Alexandrovna Stroganoff, dessiné ici par Nancy Peña.

On s’habitue très vite à la diversité graphique de l’ensemble, tant la sélection des dessinateurs œuvrant sur l’album est alléchante ! Ricard Efa, Facundo Percio, David François, ou bien encore Nancy Peña, nous font à chaque fois plonger dans une atmosphère bien différente grâce à leur talent, notre minou noir assurant une certaine continuité aux chapitres !


Ce Père-Lachaise – Légendes, célébrités et sépultures insolites est une réussite ! C’est passionnant de bout en bout, donnant envie de retourner se promener, avec les trois millions de visiteurs annuels, dans ce lieu chargé d’histoires, avec un œil parfois bien différent !

Par V. DEGACHE, le 24 novembre 2024

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