Le pont dans la vase

Le monde a été entièrement recouvert par de la vase, seuls de petits îlots de population survivent au coeur de cités tentaculaires dont les différents bâtiments sont reliés par des ponts. En dépérissement constant, abrutie par l’enlisement intellectuel prôné par une parodie d’académie des sciences, cette société se meurt… Pourtant, un jeune homme semble plus dégourdi que ses semblables. En effet, Camille Park est convaincu qu’au-delà de la vase se trouve un paradis terrestre…

Par melville, le 3 décembre 2011

Notre avis sur Le pont dans la vase

Sylvain Chomet un est nom qui résonne aux oreilles des bédéphiles avec l’incontournable Léon la came, mais aussi plus récemment à celles des cinéphiles avec Les Triplettes de Belleville et L’illusionniste (couverture de la revue de cinéma Positif n°592 parue en juin 2010). Aujourd’hui Glénat réédite dans sa collection [Les intégrales] les quatre volumes du Pont dans la vase réalisé avec Hubert Chevillard au dessin entre 1993 et 2003.

Si on retrouve des les premières planches l’imaginaire décalé de Chomet et son goût pour les atmosphères ambiguës et malsaines, où le rire côtoie le glauque comme un frère d’arme s’imposant de lui-même porté par le travail de Chevalier, l’histoire patine vite, empêtrée qu’elle est dans des poncifs. Mais cette critique est certainement un peu sévère et il faut tout de même noter que cette série est bien au-dessus en terme de qualité graphique et scénaristique que le tout venant sans âme qui inonde les rayons des librairies.

Dans le quasi mutisme de ses films d’animation, Chomet trouvait la force d’expression qui fait un peu défaut dans Le pont dans la vase où les dialogues « maniérés » alourdissent la narration et empêchent le lecteur de véritablement être transporté par le récit. L’univers de Chomet est mis en image par Hubert Chevillard qui exécute un remarquable travail dont le petit format de cette intégrale ne rend pas hommage. Le décor est foisonnant d’une surenchère de détails qui traduisent l’enlisement de cette société devenue la parodie d’elle-même. De même la morphologie des corps grassouillets ou anguleux saisie comme un instantané des émotions qui animent les personnages. La traduction visuelle de l’imaginaire du monde créé par les auteurs est la vraie réussite de cette série.

Pour conclure je dirais que Le pont dans la vase est a conseillé avant tout à ceux qui souhaitent approfondir leur lecture de l’œuvre de Chomet. Pour les autres autant lire où relire l’excellent Léon la came.

Par melville, le 3 décembre 2011

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