Le poulet du Dimanche

Cet album ne raconte rien de bien particulier en soi, si ce n’est qu’il nous fait entrer dans des vies somme toute assez banales mais brusquement plongées dans le fantastique. En effet, un couple commence à manger quand soudain la femme se métamorphose, son corp s’allonge, ressemble à une figure cubiste, et le reste demeure de l’ordre du rêve ou, mieux encore, de l’abstraction pure.
Mais derrière ces "délires" fantastiques, l’auteur parle des gens, ceux qui s’aiment ou vivent simplement ensemble, ces familles qui s’opposent, se transforment progressivement, qui même dans la différence réussissent à se trouver tandis que d’autres n’arrivent plus, même à se connaître ! Dans cette vision du corp qui se modifie se révèlent des âmes à vif, avides de se fondre avec l’autre ou d’exprimer leur opposition. Sylvie Fontaine décline ainsi cette vision de la famille, de ses codes, elle les tord, se moque, pleure avec eux mais surtout elle se rapproche de ces êtres proteïformes qui sont nos reflets, n’est ce pas le propre de l’art en fait ? Ces personnages deviennent tous, petit à petit, des figures d’Art moderne, ils s’étendent vers une idée pure, voir abstraite, vers un sentiment, une douleur qui ne les représente plus physiquement, mais intérieurement.
Cet album est peut-être déroutant car pas très évident si on commence à se demander le pourquoi du comment, néanmoins l’auteur y explose littéralement, graphiquement, car en dehors de ces petites saynètes on retrouve pas mal de croquis, de grandes illustrations ou elle s’essaie aux styles différents. C’est vraiment un terrain de jeu fantastique et même si je ne suis pas arrivé à complètement entrer dans cet univers je reste admiratif de cet incroyable travail !
Fortement recommandé pour au moins découvrir cet auteur à surveiller de très près !

Par FredGri, le 26 janvier 2007