Le premier voyage

Baudoin, dans cet album (bizarrement et injustement absent de ses biblios) se concentre sur les parties fugaces de l’atmosphère, sur les souffles, sur les regards des belles jeunes filles sur la plage. C’est un long poème et d’ailleurs l’auteur rajoute en bas de chaque page un texte qui parle de Mathieu, enfant, avec sa famille, ses copains, son amie. Petit à petit on rencontre ce personnage lunaire, on vibre avec lui.
C’est un album très étrange, vraiment dur à présenter d’ailleurs, il n’y a pas d’histoire si ce n’est cette longue balade, les rencontres furtives, c’est surtout les reflexions et les pensées de Mathieu qui rythment l’ensemble. De plus, Baudoin ne dessine pas distinctement la tête de son héros, le haut du crane est l’extension de ses pensées, par exemple : si il passe devant un couple et les trouve beau, sur le haut de sa tête on voit apparaitre un petit couple, si il écoute les oiseaux, ce sont les mêmes oiseaux qui remplacent ses cheveux. Cette petite trouvaille renforce vraiment la poésie de l’histoire.
Bien sur le graphisme n’est pas aussi laché que sur « Couma Aco » ou le récent « Les yeux dans le mur » mais on trouve déjà le rythme et l’intuitivité du pinceau.
« Le premier voyage » est une très bonne initiation à l’univers contemplatif de baudoin, cette magnificence du silence et des minutes qui se déroulent. Sublime.

Par FredGri, le 20 mai 2003