Le prétexte

Le prétexte fait partie de ces récits qui fonctionnent à l’empathie que l’on peut ressentir pour le héros et qui font aussi appel au propre vécu du lecteur. C’est le genre de récit avec lesquels, si l’on ne se trouve pas pleinement en phase avec le propos, il est facile de passer à côté malgré toutes les qualités objectives dont il fait preuve.

Isabelle Bauthian construit sont scénario en alternant dialogues directs et narration off de Marc. Cette astuce lui permet – au travers des propos off de Marc – de faire plonger le lecteur au cœur même de sa réflexion, de suivre le cheminement de sa pensée tout au long de son voyage. Parfaitement fluide, le tout s’enchaîne avec aisance.
Au dessin Sylvain Limousi affiche clairement son style, surtout au niveau du visage des personnages. Emplie de fraicheur et épaulé par une mise en couleur équilibrée, il se dégage au final une atmosphère feutrée en parfait accord avec le ton du scénario. Dessin et scénario font preuve dans cet album d’une belle alchimie.

Pour revenir un instant sur l’histoire, Le prétexte raconte donc une parcelle de la vie de Marc, d’un sale type, d’un vrai con… Aigri, se complaisant dans la médiocrité et portant sur le monde le regard faussement lucide du cynique désabusé, ce Marc est un personnage qui m’a été tout le long du récit profondément antipathique. Et c’est pourquoi peut-être, je ne suis pas vraiment entrée dans l’histoire. Isabelle Bauthian tient dans sa bande dessinée un propos sur les gens très dur et plutôt pessimiste, car même s’il est amené avec finesse et douceur, il n’en est pas moins violent.

Voilà, Le prétexte est un album aux qualités indéniables mais dont le propos risque de diviser. Maintenant c’est à vous de voir, car ici, chacun y verra sûrement des choses différentes.

Par melville, le 13 juin 2010