Le Printemps des quais
Séraphin "Paul" Carpita est instituteur, vivant à Marseille. Sous le régime de Vichy, Paul était entré dans la résistance, donc au parti communiste, pour ne pas aller travailler en Allemagne et surtout pour s’engager dans un combat juste et important. Il récupère sa première caméra à la Libération, il commence donc a mettre en scène ses idées: filmer les gens ordinaires, filmer la vie. Il a ensuite créé sa propre petite boite de production, Cine-Pax, pour pouvoir réaliser des courts métrages d’actualité ou il filme les ouvriers manifestants, les grèves, il veut témoigner à sa façon et retranscrire cette actualité de la vérité. Nous sommes au début des 50’s.
Progressivement, on le "pousse" à passer le cap et à réaliser son premier "vrai" film, avec un scénario et des acteurs : "le Rendez-vous des quais", pour montrer le départ des soldats pour l’Indochine, l’occupation du port par les CRS, les manifestations durement réprimées, les grévistes… Le tournage est une aventure en soi, il faut se cacher, composer avec des amateurs, apprendre son métier sur le tas… Le film une fois fini ne remporte néanmoins pas l’adhésion de tous et au soir de la seconde projection, les RG débarquent et confisquent les bobines.
Lâché par le PC, Paul accuse mal le coup, malgré tout il continue de filmer, davantage tourné vers des courts métrages.
Le film fut interdit de diffusion durant 35 ans…
Par fredgri, le 18 février 2014
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dessinateur :
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Éditeur :
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ISBN :
9782302030848
Notre avis sur Le Printemps des quais
Avant tout cet album est un témoignage important d’une certaine époque, pas si éloignée, ou il était encore important de lutter à corps perdu pour ses idées, caméra sur l’épaule.
Un album qui devient vite passionnant car on entre de plein fouet dans le parcours d’un homme qui croit à son message, à cette vie ouvrière empreinte de mémoire, de vécu, qui représente la matière première qui l’intéresse, qu’il veut fixer sur la pellicule. Évidemment on n’échappe à un côté documentaire, très partisan, c’est normal et c’est d’autant plus nécessaire qu’il est important de bien appréhender le cadre, le contexte.
Pendant la deuxième guerre mondiale le Parti Communiste avait très activement participé à la résistance et se récupérer une carte du parti pouvait permettre de rejoindre les rangs de la clandestinité. Mais c’est aussi ce croisement d’idéaux qui amène plus concrètement la personnalité de Paul Carpita, ce besoin de dénoncer les exactions, de s’engager. Le scénario nous présente non seulement l’époque avec ses enjeux, mais aussi le parcours personnel de "Paul", son boulot en tant qu’instituteur, ses rencontres, Maguy, la femme de sa vie, mais aussi, tout le processus de fabrication du film, les batailles internes, les joies, ce que tout ce combat à signifié et signifie encore maintenant ! Et à partir de là, ce qui devait initialement être une simple adaptation BD d’un film devient une sorte de biographie assez fidèle, nourrie de flash back, de points d’actualité d’époque, de témoignages… On n’en lâche pas une miette, le "film" se déroule sous nos yeux !
Graphiquement j’avoue que j’aime beaucoup le dessin d’Olivier Thomas, un style très expressif, complètement au service du récit, sans pour autant l’enjoliver, tout en restant quand même très généreux !
Alors peut-être retrouve-t on un aspect plus ou moins propagandiste, c’est vrai, mais c’est nécessaire vis à vis de ce genre de récit qui parle d’un engagement, d’une vision de la classe ouvrière. Toutefois il demeure aussi une grande leçon d’histoire qui, alors qu’actuellement nous vivons une période plus ou moins similaire, à grand renfort d’amalgames divers et autres stigmatisations à l’emporte pièce, peut prendre des reliefs prémonitoires. Il est peut-être temps de se souvenir, justement…
En attendant, je vous encourage à vous trouver une copie de "LE RENDEZ-VOUS DES QUAIS". Peut-être n’adhérerez-vous pas au propos, mais ce film reste une pierre importante de l’édifice cinématographique moderne !
Un très bon album !
Par FredGri, le 18 février 2014
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