Le rayon vert

Hervé Grünlicht vient d’arriver à l’observatoire du Pic du Midi afin d’y prendre le poste de guide. Malheureusement pour lui, la hauteur fabuleuse du site et la possibilité d’assister à un phénomène atmosphérique exceptionnel ont tôt fait de le perturber par le fait qu’elles lui remémorent des souvenirs tragiques de son enfance.
Par ailleurs, Catherine et Emmanuelle, deux jeunes comédiennes de rue présentant un spectacle ayant trait au Rayon Vert de Jules Vernes, sont apostrophées par un employé du Pic du Midi qui les invite à assister à un tout autre spectacle en rapport avec le thème de leur représentation sur les hauteurs supportant l’observatoire.
Il ne fait aucun doute que l’événement naturel extraordinaire pressenti va bousculer à tout jamais la destinée de ceux qui vont l’observer.
 

Par phibes, le 8 septembre 2009

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Notre avis sur Le rayon vert

L’éditeur Les Impressions Nouvelles a eu, en ce mois de septembre 2009, la riche idée de remettre au goût du jour un ouvrage écrit par Frédéric Boilet (âgé de 27 ans à l’époque) en 1987 publié dans sa version originale aux éditions Magic Strip. "Le rayon vert" est le titre de ce one-shot qui, par sa teneur décalée par rapport aux productions de l’époque, marqua un tournant dans sa carrière de réalisateur de bandes dessinées.

Cette histoire qui tient en 48 planches a la particularité de charpenter son récit autour deux thèmes (une cathédrale et un observatoire scientifique) et de lancer le lecteur sur 3 histoires parallèles. Dans un brassage subtilement employé, Frédéric Boilet nous présente ses protagonistes au travers de visions contemporaines ou passées. On pourra convenir que les différentes scènes qui s’alignent au départ ont de quoi intriguer le lecteur par leur manque de corrélation. Toutefois, (et c’est là la force du récit), au fil des cases, le lien entre chacune des péripéties se dessine peu à peu et vient dévoiler le drame qui se prépare.

Hervé est le personnage clé du récit. Par son attitude on ne peut plus surprenante, on ne manque pas de s’interroger sur son état psychologique et sa façon de réagir à certaines situations. A cet égard, on subodore que la raison d’une telle panique chez cet homme va nous être expliquée et qu’elle trouve son origine ailleurs que sur le Pic du Midi. Le climat est étouffant, appesanti par un suspense personnifié et par d’autres scènes auréolées de vert exhibant des ambiances surnaturelles. Là aussi, les explications arriveront progressivement et ne manqueront de nous ramener sur Terre, dans une révélation fatidique.

Frédéric Boilet a assurément dirigé sa trame scénaristique de main de maître et nous assure d’une intrigue déstabilisante rondement menée, bercée par des bribes de l’œuvre de Jules Vernes. A ce titre, il sera intéressant de lire en fin d’ouvrage le petit dossier relatif à sa biographie et sa façon de travailler sur la présente œuvre. Il y expose les rencontres qui l’ont inspiré, l’esprit de Jules Vernes, les jeux de mots employés…

La partie graphique a également un grand intérêt. A cet égard, Frédéric Boilet dont le travail s’appuie sur une base photographique, joue habilement avec la couleur noire et utilise un trait d’une grande justesse, au réalisme excellent. Son personnage principal dont l’apparence a été empruntée à un dénommé Francis Kuntz, plus connu sous le pseudo de Kafka, définit superbement l’état de panique dans lequel il plonge progressivement. Les perspectives sont superbement représentées et mettent bien évidence les paysages urbains et montagneux dans une technicité panoramique affriolante. La colorisation, qui pour l’occasion a été retravaillée entièrement, a également une importance indéniable pour camper l’atmosphère angoissante.

"Le rayon vert" est un savant mélange de faits détonants dont la communion subtile et originale marquera inévitablement le lecteur. A découvrir ou à relire !
 

Par Phibes, le 8 septembre 2009

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