Le Retable de l'Agneau Mystique

Au début du XVe siècle, Jan Van Eyck est au service du Duc de Bourgogne, Philippe le Bon. Nommé peintre de cour, il semble surtout chargé de missions exceptionnelles et secrètes pour le Duc.
Espion, ambassadeur, artiste qui a perfectionné la technique de la peinture à l’huile et qui est considéré comme le fondateur du portrait occidental, la vie de Jan Van Eyck est un vrai roman d’aventures.

Par olivier, le 16 février 2015

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Notre avis sur Le Retable de l’Agneau Mystique

1426, à Gand, Hubert Van Eyck meurt, laissant inachevé un grand retable dans la cathédrale de la ville. Cette œuvre était une commande de Joost Vijdt, un riche marchand, qui désespère de voir le tableau inachevé lorsqu’il apprend l’existence de Jan Van Eyck, frère du défunt peintre.

Il va donc falloir qu’il contacte Jan pour lui proposer une confortable somme pour venir achever le travail de son frère. Mais Van Eyck n’est pas libre, engagé au service du Duc de Bourgogne il doit partir en mission pour la Terre Sainte.
Sur la route de Constantinople, il fait une halte à Grenade pour s’assurer de la neutralité de l’Emir avec qui il négocie un traité de neutralité lors de la prochaine croisade.
En échange de sa protection, le comte exigera également d’avoir l’exclusivité absolue sur la route commerciale de Gibraltar.

Fin diplomate, Jan Van Eyck, commence toutefois à se poser des questions sur ce qu’il veut vraiment. La mort de son frère l’a profondément perturbé et il songe à retourner à ses pinceaux notamment pour terminer le retable. L’intervention de l’envoyée de Vijdt va bien évidement peser dans la décision qu’il prendra, mais il faudra que le Duc ne voie pas cela comme une trahison et l’autorise à travailler pour un tiers.

La vie de Jan Van Eyck contient tous les éléments propres à un récit d’aventures et Dimitri Joannidès, historien d’art et scénariste a su tirer le meilleur parti de cette vie aventureuse. Le récit est enlevé, concentré sur une période de quelques années de la vie de Van Eyck, celles qui ont vu la finalisation du chef d’œuvre : le retable de l’agneau mystique.

Le scénariste s’y entend pour romancer une histoire qui, tout en s’appuyant sur les archives bourguignonnes de l’époque, laisse la part belle à l’imagination et il inscrit le bonhomme dans un contexte historique fort particulier de la rivalité commerciale des puissante villes des Flandres.
De Lille à Gand en passant par Grenade et Constantinople, Joannidès ne lâche pas le lecteur, qui découvre un personnage ambigu, partagé entre la peinture et ses missions d’ambassadeur ou d’espion. Le choix sera difficile pour Jan Van Eyck car, en dehors de son envie d’être ce qu’il veut vraiment, l’appât du gain est pour lui une motivation non négligeable.

Avec Dominique Hé au dessin et à la couleur, Dimitri Joannidès ne pouvait trouver meilleur comparse pour nous dépeindre l’or et le faste de l’Orient aussi bien que les ruelles misérables, les tavernes à ribaudes et la toute relative austérité des châteaux flamants.
Créateur d’ambiances, sa représentation de cette toute fin du moyen-âge est superbe, il parvient à rendre, par le dessin et la couleur, une époque qui est à la charnière entre Moyen-âge et Renaissance.

Jan Van Eyck inaugure une nouvelle collection sur les grands peintres qui se propose de dresser le portrait de ces artistes magnifiques en s’attardant sur un instant de leur vie, celui qui donna naissance à leur œuvre la plus emblématique.
Des récits vivants, aux formes variés, historique comme Jan Van Eyck, sombre et désespéré comme le Goya ou sous forme de polar comme le Lautrec.

Chaque album est accompagné d’un cahier documentaire et pédagogique de 8 pages signé par Dimitri Joannidès, expert en art moderne et contemporain et également scénariste de quelques albums à venir.

Par Olivier, le 16 février 2015

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