Le retour du Capitaine Nemo

Deux parties bien distinctes dans ce volume.
D’une part, Le retour de Nemo : Dans les profondeurs de la mer des Silences, une forme étrange, mi-machine, mi-créature vivante, se réveille et se dirige lentement vers la surface. Il s’agit d’une sorte de fusion entre le Nautilus et le fameux poulpe géant qui l’attaqua. A son bord, émergeant de l’oubli, le capitaine Némo s’interroge sur sa survie, se souvient de tout ce qui l’a amené jusqu’ici et les raisons pour lesquelles il se rend à Samarobrive, que l’on connait plus communément sous le nom d’Amiens…
Ensuite, toutes les illustrations noir et blanc, ayant accompagné, 1994 l’édition de Paris au XXe siècle, le roman retrouvé de Jules Verne.

Par fredgri, le 24 octobre 2023

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Notre avis sur Le retour du Capitaine Nemo

On n’osait plus en rêver, mais par un heureux concours de circonstance, Benoit Peeters et François Schuiten se réassocient pour nous livrer ce magnifique volume qui raconte, sous forme d’illustrations en N&B, accompagnées de textes, le retour du capitaine Némo parmi les vivants, après de nombreuses années d’auto-exil.
L’idée initiale vient d’une commande de la ville d’Amiens qui souhaitait avoir un monument commémorant la filiation de la ville avec l’univers de Jules Verne. Un sujet suffisamment riche pour inspirer à Schuiten la réalisation de quelques illustrations en très grand format, expliquant ce qui a précédé la scène présentée dans la sculpture. En visite chez son ami, Benoit Peeters se dit qu’il y a là, matière à aller plus loin encore, de raconter une vraie histoire, plus complexe. Ils ont alors l’idée de lier ce récit à l’univers des Cités Obscures…

Toutefois, on reste dans un récit en marge des Cités, il n’est pas forcément question d’étendre ces frontières, ni même de croiser d’autres personnages introduits précédemment. Tout tourne autour de Némo, l’évocation de son passé et son arrivée à Samarobrive, puis son retour chez lui, au moment ou sa silhouette se mélange avec celle de son créateur.
Le scénario ne va pas forcément bien plus loin, il est surtout le prétexte à accompagner les incroyables illustrations de Schuiten qui sont le véritable attrait de ce volume. L’artiste à soigné chaque dessin, adoptant, comme à son habitude, un encrage hachuré absolument magnifique, nous éblouissant par la finesse des compositions aux allures de gravures comme pouvait en proposer Gustave Doré. On s’arrête sur chacune d’entre elles, on admire les détails, la silhouette de cet engin ou se mélangent la machine et l’animal. On suit ensuite Némo émergeant de son vaisseau sous marin, découvrant la ville moderne, ses bruits, sa vie fourmillante, tandis que ses pas l’entraînent vers une étrange tour oubliée, un jardin intérieur, un escalier et une chambre ou il retrouve son vieux bureau et cette feuille de papier ou il est peut-être temps de raconter sa propre aventure…

L’histoire baigne dans une douce nostalgie, mais c’est la marque de fabrique des Cités. Némo a terminé sa grande histoire, plus personne ne se souvient vraiment de lui, si ce n’est au détour d’un ou deux romans…

Y aura-t il d’autres récits des Cités ? Les auteurs ne ferment pas les portes, mais ne promettent rien non plus. On verra selon leur inspiration…

Pour conclure cet album, on peut redécouvrir les illustrations qui ont servi pour l’édition de Paris au XXe siècle de Jules Verne, le fameux manuscrit disparu depuis plus d’un siècle qui nous permet de voir une vision de Paris, imaginée par Verne, en 1863. Là aussi, les dessins sont sublimes, ils transcendent littéralement le texte original en mettant en scène un Paris, aux gigantesques dimensions, qui fascine, qui fait rêver.

L’objet est très beau, la maquette met admirablement en valeur les dessins de Schuiten et nous croisons les doigts pour retrouver un jour cet univers.

L’une des très belles surprises de cette fin d’année.
Vivement conseillée.

Par FredGri, le 24 octobre 2023

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