Le roi Oscar et autres racontars

La vie des trappeurs au nord-est du Groenland est loin d’être sinécure. Isolés sur une île désertique du bout du monde, battue par le froid incisif arctique et soumise à des hivers polaires interminables, ces hommes tentent, tant bien que mal, de s’adapter à leurs dures conditions. Cette faculté d’acclimatation, de par son caractère hors norme et qui passe par des situations pour le moins cocasses, fait l’objet de nombreux racontars dont quatre nous sont relatés.

 

Par phibes, le 16 janvier 2011

Notre avis sur Le roi Oscar et autres racontars

Après La vierge froide et autres racontars paru en octobre 2009, de nouveaux racontars arctiques de Jørn Riel, écrivain globe-trotter qui a vécu durant de nombreuses années au Groenland, font l’objet d’une adaptation en bande dessinée. Pour l’occasion Gwen de Bonneval (Messire Guillaume, Les derniers jours d’un immortel…) et Hervé Tanquerelle (Le legs de l’alchimiste, La communauté…) reprennent du service pour proposer pas moins de 4 nouvelles tranches de vie, bien représentatives d’une existence au plus proche d’une nature rigoureuse.

Ces récits typiquement masculins, qu’ils soient réels ou purement mensongers, sont l’occasion d’apprécier la fantaisie avec laquelle est traité l’aspect rudimentaire et ardu de l’existence de ses exilés du bout du monde. Les quatre récits qui lient toute une communauté de personnages rustiques et charismatiques utilisent une thématique simplissime (la mort d’un compagnon, le confort particulier, l’amitié hors norme, l’isolement). Ces derniers se révèlent forts en réflexions humanistes, en comportements de tout genre mais s’écartent tout de même d’une évocation sérieuse.

Par ce biais, on rie bien volontiers sur ses péripéties qui semblent se dérouler sur un autre monde, privé de toute commodité. On se gausse des malheurs de chacun, dans des proportions qui peuvent parfois atteindre l’incongru (la mort de Jalle ou les malheurs de Vieux-Nels) ou la déprime (Anton). Toutefois, ces racontars restent un témoignage social probant et dispensent ainsi une certaine poésie touchante.

Graphiquement, Hervé Tanquerelle est au top pour reproduire en noir et blanc l’environnement désolé arctique ainsi que les âmes qui y survivent. Comme le stipule Jørn Riel lui-même dans son préambule, son trait recèle une exactitude évocatrice qui ne peut que servir favorablement les 4 récits. Les gueules burinées qu’il croque sont d’une expressivité excellente (détresse, colère, abattement…) qui émeut mais également qui fait rire. Son crayonné est puissant, son encrage précis et ses décors "aquarellisés" témoignent d’une grande maîtrise artistique.

Un dépaysement convaincant dont la froidure ambiante ne saisira pas les élans généreux d’humour dispensés par les fameux racontars. Un voyage sensible et remarquable !

 

Par Phibes, le 16 janvier 2011

Publicité