Le sacrifice des aigles
Dead Smile
En 1840, dans le nord-est de l’Arizona, la tribu des Hopis est en pleine cérémonie coutumière lorsque le bataillon de Fort Kachinas fait irruption pour une mission d’épuration. C’est l’hécatombe, des hommes sont tués et des femmes violées. Un an plus tard, deux hommes du fortin militaire rendent visite à Kate, une veuve et sa fille pour leur remettre un bébé hopi issu d’un de ses viols en vue de l’élever. Si la femme a une réelle aversion pour les Indiens, elle accepte contre son gré de prendre le bébé. A partir de ce moment, la ferme de Kate se voit placée sous la protection des Hopis qui, de temps à autres, viennent voir le bébé. Ces agissements poussent le Commandant Lewis du Fort Kachinas à se transporter sur le site de la tribu pour avoir des explications. C’est là qu’il apprend que le bébé Hopi recueilli par Kate a un jumeau à la peau blanche martelée élevé par la tribu. Pourquoi un tel choix de la part de celle-ci ? Serait-ce une façon de préserver l’harmonie entre les peuples blanc et Hopi ? Et quelle va être la destinée du bébé hopi surnommé par sa tutrice Dead Smile ?
Par phibes, le 24 janvier 2025
-
Scénariste :
-
dessinateur :
-
Coloriste :
-
Éditeur :
-
-
Sortie :
-
ISBN :
9782756097527
Notre avis sur Le sacrifice des aigles #1 – Dead Smile
Fort de son inspiration des traditions séculaires du peuple amérindien Hopi, Pierre Makyo se lance dans une nouvelle équipée historique attachée aux territoires du sud-ouest des Etats-Unis constituant l’Arizona. Se focalisant sur le massacre perpétrer par des raids militaires dans la moitié du 19ème et à ses conséquences douloureuses, le scénariste s’est mis en quête de narrer la destinée de deux enfants issus des malversations vécus par les femmes hopis et conçus durant un rite indien très spécifique, le chant de la Création du monde.
Cette première partie d’un diptyque annoncé est l’occasion de nous placer aux origines de la naissance des jumeaux dont il est question tout en se raccrochant plus précisément sur l’évolution du bébé hopi surnommé Dead Smile et sur la complémentarité de ces êtres. La tonalité de ce premier volume se veut on ne peut plus rugueuse et l’exaction des deux premières planches donnent déjà le niveau. De fait, Pierre Makyo a décidé de relater l’Ouest dans des proportions douloureuses dans une évocation on ne peut plus tourmentée.
Au fil d’une chronologie rapide et avec un soupçon de fantastique, Dead Smile nous ouvre sa personnalité, une personnalité qui se veut certes habitée par la violence mais basée sur un fonds de sagesse que partage la tribu Hopi. A noter que Hopi signifie « Peuple de la paix ». Les « Blancs » apparaissent, à contrario, beaucoup plus reptiliens et propices à générer des situations dramatiques et injustes. Le récit, bien que rapide, se veut intrigant et met en balance deux concepts qui demandent à être plus explicités à savoir le bien et le mal. Au travers de ce tome, certains jalons sont posés et ne demandent qu’à être bousculés par des revirements inattendus.
Pierre Makyo retrouve ici un dessinateur émérite avec lequel il a déjà et œuvré antérieurement. A l’origine des superbes illustrations dans les trilogies de Lumière froide et Les deux cœurs en Egypte, dans le diptyque Les portes au ciel, l’artiste revient donc dans cette histoire pour lui donner ce relief remarquable inhérent à l’école italienne. De fait, l’esthétisme est au rendez-vous, proche d’un réalisme sublimé par la colorisation profonde, de grande qualité, de Marco Ferraccioni.
Un épisode d’ouverture fort et âpre qui, au cœur du Nouveau Monde, apporte son lot de violence, de drame et de révélation.
Par Phibes, le 24 janvier 2025