Le sauveteur

Shiga est gardien de refuge dans les Alpes méridionales japonaises. Un jour, il est contacté par l’épouse de son ami Sakamoto, mort de froid dans l’Himalaya une douzaine d’années plus tôt. Dans son journal d’ascension, ses derniers mots furent de demander à Shiga qu’il protège sa femme Yoriko et sa fille Megumi.

Cette mission se présentait à lui aujourd’hui. Megumi avait disparu et sa mère était très inquiète. Shiga ne pouvait laisser Yoriko affronter seule le problème.

C’est ainsi que Shiga décide de partir pour Tokyo et d’enquêter lui-même sur la disparition de l’adolescente, interrogeant ses amis et son entourage. Cela le conduit dans les quartiers chauds de la ville.

Par legoffe, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur Le sauveteur

Un nouveau livre de Taniguchi est toujours un événement dans le monde de la bande dessinée et, en particulier, du manga. L’auteur est reconnu pour ses dessins magnifiques et ses récits passionnants.

Ici, nous découvrons un livre publié au Japon en 2000 et seulement traduit en français en 2007.

Comme toujours, Taniguchi nous offre un dessin splendide. Son talent se révèle au plus haut point dans les scènes de montagne. Ces dernières sont toutefois très rares dans ce one-shot, ce que l’amoureux de cimes que je suis regrettera un peu.

Mais le sujet du moment n’est pas l’ascension des sommets mais plutôt le sauvetage d’une adolescente disparue et la parole qu’un homme doit respecter, celle de venir au secours de la famille de son défunt ami.

Taniguchi nous surprend à travers ce livre qui ne ressemble pas tellement à ses productions habituelles, si ce n’est graphiquement. Nous quittons en effet rapidement les montagnes pour Tokyo et l’un de ses quartiers chauds, Shibuya. L’enquête va mener notre héros dans les boîtes de nuit et les salles de karaoké. Les thèmes centraux sont la détresse des adolescentes et certaines pratiques de prostitution. L’alpinisme apparaît, lui, en toile de fond contrairement à « K » ou encore à la merveilleuse série « Le sommet des Dieux ». L’auteur nous réserve toutefois une séquence d’escalade assez spectaculaire à la fin du livre.

Bien entendu, Taniguchi, fidèle à lui-même, aborde ces sujets avec pudeur et sensibilité. Rien n’est jamais dévoilé crûment. Mais il n’en reste pas moins que son histoire ne manquera pas de troubler le lecteur occidental. Car c’est une facette peu reluisante de la société japonaise que l’on découvre à travers « Le sauveteur ». Certains passages et l’attitude des protagonistes s’avèrent d’ailleurs déroutants pour les Européens que nous sommes.

Il ne s’agit peut être pas d’une œuvre majeure de l’auteur. Le récit souffre, en effet, de quelques longueurs et notre méconnaissance du Japon rendra sans doute certaines scènes moins percutantes que pour un Japonais.
Mais l’enquête difficile de cet alpiniste perdu en pleine ville ne laissera pas le lecteur indifférent. On a vraiment envie de connaître le dénouement de l’histoire et la beauté des dessins, la façon qu’à l’auteur de faire transparaître les émotions à travers les visages de ses personnages, permettent de passer un très bon moment à travers ces 300 pages d’un récit aux légers airs de polar.

Par Legoffe, le 27 avril 2007

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