Le songe de Siwel

Alors qu’elle jouait au cerceau dans la rue, la petite Siwel a failli être victime d’un accident de la circulation sur un passage protégé où elle s’est faite bousculer par quelqu’un de pressé. Ce quelqu’un, elle l’a reconnu : c’était Lapinot, le personnage de BD ! Bien trop préoccupé par son trajet vers une ambassade, il ne s’était même pas arrêté pour s’excuser… Le goujat ! Mais comme c’était une idole de Siwel, celle-ci s’est mise à lui filer le train, le suivant jusque dans un bâtiment dans lequel il est entré et sur le fronton duquel apparaissait le mot "Bibliothèque", un bâtiment dont elle ne soupçonnait alors ni la complexité de l’architecture intérieure, ni l’étrangeté des rencontres qu’elle allait y faire…
 

Par sylvestre, le 2 novembre 2010

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Notre avis sur Le songe de Siwel

Très tôt dans cette bande dessinée, on croise le personnage de Lapinot. Alors, et même si l’on n’a pas remarqué les remerciements des auteurs du tandem Enfin Libre adressés à Lewis Trondheim avant leurs planches, on sent bien que l’aura de ce dernier a plané sur ce livre dont le titre lui fait par ailleurs un clin d’œil, par le biais du prénom de l’héroïne qui n’est autre que le palindrome du mot Lewis ! Mais plus qu’un clin d’œil ou qu’une simple référence à l’œuvre de Trondheim, Le songe de Siwel ressemble à une véritable reconnaissance par les auteurs du travail du père de Lapinot puisque tout au long de son chemin, Siwel va traverser des univers rendant hommage aux œuvres d’écrivains comme Robert-Louis Stevenson, William Shakespeare ou encore Lewis (tiens, encore un !) Caroll ; ce qui nous pousse à en déduire que Enfin Libre a souhaité accueillir dans ce panthéon de leurs références l’artiste moderne qu’est Lewis Trondheim !

Au format "à l’italienne" et sur environ une centaine de pages, Siwel (avec ou sans le "petit diable" ou Virgule la Lune), va parcourir des mondes ayant rapport avec la littérature ou avec l’univers du livre. Elle rencontrera par exemple des personnages rats qui feront écho au terme rat de bibliothèque, elle discutera avec des sphinx aimant jouer avec les mots ou traversera par exemple des bois où les conversations se font en vers…

Un exercice de style, donc. Au niveau des textes et des noms de chapitres. Au niveau du catalogue des références faites, aussi, celles-ci ne se cantonnant pas à quelques grands écrivains puisqu’on en détectera d’autres comme celle, textuelle, rappelant le titre d’un album de Blake et Mortimer, ou celle, graphique, à un tableau du talentueux Escher…

Avec des ambiances différentes à chaque univers posées par des tons de couleurs spécifiques, le chemin que parcourt Siwel s’offre à nos yeux et à nos cerveaux page après page. Malheureusement, à la longue, ça en devient un peu pénible, un peu trop long. Il n’y a en effet pas de différences fondamentales entre les successives originalités imaginées par les auteurs, et une certaine rengaine s’installe, nous essoufflant dans notre concentration puis dans notre plaisir (on avait noté ce même petit trop dans La rumeur, des mêmes auteurs)…

Le songe de Siwel reste malgré tout un voyage onirique original et plaisant avec pour facteurs d’ambiance le Livre, le Mot et la Littérature, avec des planches généreuses en couleurs vives, avec des personnages surprenants et avec un ton humoristique.
 

Par Sylvestre, le 2 novembre 2010

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