Le Syndrome Warhol

J’ai eu l’impression, en lisant cet album, de me retrouver dans un bon film des frères Coen, avec ce côté à la fois doucement déjanté, un scénario aux multiples rebondissements et des personnages fascinants. Car, sachez le tout de suite, si vous vous lancez dans cette lecture vous ne refermerez pas l’album avant de l’avoir fini, c’est passionnant, très original et bourré de très bonnes trouvailles scénaristiques. Le principe de départ peut aparaître, au premier abord, assez commun, mais ça n’est qu’une fausse impression, les auteurs complexifient très vite tout ça, faussent le jeu et nous entraînent à la suite d’une troupe de personnages tous aussi bien caractérisés et barrés les uns que les autres.

Le scénario est donc, en effet, très astucieusement dosé, les rebondissements arrivent au bons moments et permettent d’éclairer le récit chaque fois sous de nouveaux angles. Graphiquement, c’est aussi une très bonne surprise, je ne connaissais pas David Cren et j’avoue que j’ai craqué devant son style tout en expression, avec un crayon très poussé, une science des cadrages très inspirée. Magnifique.

Il y a beaucoup de choses dans cet album, c’est très riche, les auteurs reviennent sur cette légende d’Elvis qui obsède une certaine Amérique, qui perpétue le mythe en répétant son image déformée, grotesque, comme sur ces tableaux d’Andy Warhol. Une star de la chanson autour de laquelle on construit une mythologie, on s’identifie, on fait traîner des rumeurs… Renaud Cerqueux rajoute à sa recette une pincée de clonage, de savant fou, des tueurs à gage, et hop.
Ça semble, comme ça, partir dans tout les sens, et peut-être, en effet, qu’il y a beaucoup de micro intrigues, néanmoins, on ne s’y perd pas un instant, justement, c’est très aéré, et le scénariste prend le temps de poser tout ses éléments avec intelligence tout en continuant à sans cesse surprendre.
Ce "syndrome de Warhol" est donc une incroyable découverte avec deux jeunes auteurs qui démontrent par A + B que cette nouvelle génération a encore plein de choses à dire. Un album à ne pas rater, et moi je vous le dis, il faudra les surveiller de très près ces deux là.
Merci beaucoup pour ce formidable moment de lecture, messieurs !

Par FredGri, le 4 février 2010

Au final je n’arrive pas avoir d’avis tranché sur cet album. Car même si j’ai réellement apprécié l’ensemble pour son originalité et sa volonté de nous emmener hors de sentiers battus, il persiste malgré tout l’absence de ce « petit plus » si difficile à définir clairement qui vous fait dire que « ouais, celui-là c’en est vraiment un bon ».
Le récit renferme des situations sordides à foison mais pourtant l’atmosphère qui s’en dégage est, bien que franchement malsaine, assez drôle. Bon bien sûr c’est plutôt un humour du genre caustique, mais le ton n’est pas à la gravité… Après ce qui m’a personnellement moins conquis dans l’approche de Renaud Cerqueux c’est l’aspect caricatural, proche de la parodie avec lequel il traite son récit ; ainsi que le fait d’avoir l’impression que l’auteur lui-même ne sait plus trop parfois où il veut en venir. Et c’est indéniablement ce léger manque de maîtrise qui ne permet pas d’apporter la dimension nécessaire pour mettre en scène un tel propos.
Mais malgré ces quelques bémols qui ne sont que mon humble avis, comme l’a si justement souligné FredGris dans son avis, nos trois auteurs, Renaud Cerqueux au scénario et David Cren au dessin (et sans oublier Véronique Dorey pour la couleur) sont assurément de jeunes talents à suivre.

Par melville, le 23 août 2010

Attention BD incroyable! Attention auteurs talentueux! Attention histoire très atypique!
Je suis ressortis de cette BD tout sourire, en pleine forme, un brin excité même, comme après un bon film des Frères Coen.
Il y a des scènes osées et bourrées d’humour noir, des personnages bizarres, fous et dangereux et un dénouement final génial…
Complètement Rock’n’roll!

Par Placido, le 25 août 2010