Le temps des siestes

 
On avait appris de A la faveur de la nuit, bande dessinée de Jimmy Beaulieu également parue aux éditions Les impressions nouvelles, qu’elle avait été conçue un peu comme un puzzle à partir de dessins qu’il avait réalisés sans les penser au départ comme des éléments d’un tout. On avait alors applaudi ce recyclage artistique, ce sauvetage de dessins et de séquences qui sinon n’auraient peut-être jamais été portés à notre connaissance ! Mais en ce cas, qu’était-il advenu des autres dessins remplissant les carnets de croquis de Jimmy Beaulieu ?! Une partie du voile se lève sur ce mystère grâce à ce Temps des siestes qui cette fois ne voit pas articulés les dessins choisis pour qu’ils forment une suite logique mais les propose l’un après l’autre, posément, simplement, dans ce qu’il conviendra d’appeler un recueil de dessins légendés.
 

Par sylvestre, le 20 juin 2012

Notre avis sur Le temps des siestes

 
Simple carnet de croquis : non. C’est plus que ça, en réalité, et c’est présenté de manière originale. La portée et le thème érotiques font ostensiblement l’homogénéité de l’ouvrage, certes, mais ces fameuses légendes que l’on trouve aux pieds des belles s’imposent : insondables, improbables, inattendues… Et elles participent au côté sucré-salé du recueil. Comment furent associés ces légendes choisies et les dessins ? Mieux vaut sans doute ne pas chercher de réponse à cette question et se laisser plutôt surprendre par les incongrues combinaisons proposées ! La légende ne sera parfois qu’un mot quasiment en phase avec le visuel quand d’autres fois, on aura par exemple un dialogue axé politique accompagnant une peinture montrant deux filles en train de faire l’amour ! Amusantes présentations décalées : l’envoûtement est garanti et le lecteur se met alors en quête du sel de la page d’après, encore et encore… Les dessins légers, apaisants et sensuels comptent beaucoup, l’humour de Jimmy Beaulieu pèse aussi, qui pointe ici ou là comme un téton gaillard… Que direz-vous par exemple de l’irruption du terme "magicide" dans une phrase où il gagne d’exister ou de cet assez peu poétique "espoir d’accession à ses muqueuses" !!?

Il n’y a presque que des femmes dans Le temps des siestes. Et le plus souvent nues ou légèrement vêtues. L’auteur Jimmy Beaulieu nous révèle dans son prologue que ce serait à une femme qu’il doit d’avoir troqué un jour son instrument de musique contre un carnet de croquis et des crayons. Aujourd’hui, on ne sait pas s’il aurait fait bon musicien mais on sait par contre qu’il y a un petit quelque chose dans son style qui a su faire de ses femmes des apparitions qui nous font du bien aux yeux. Moderne ou désuet, agressif ou attractif… Le trait du Québécois est comme la toile d’une araignée qui nous aura enveloppés le temps de cette "sieste" qu’il nous a proposée…
 

Par Sylvestre, le 20 juin 2012

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