Le voyage de Shuna

Au milieu d’une vallée oubliée de tous, se trouve un petit royaume qui peine à survivre par ses maigres récoltes. Lorsqu’un jour, le jeune prince Shuna découvre un voyageur sur le point de mourir. Dans un dernier souffle, il confie au jeune homme que très loin, au delà du Grand Gouffre se trouverait un pays qui produirait une graine dorée qui pourrait les sauver… Le jeune homme décide alors de partir pour ramener cette mystérieuse graine. Sur son chemin, il rencontre deux sœurs esclaves. Il vient à leur secours et, ensemble, ils continuent le voyage…

Par fredgri, le 25 octobre 2023

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Notre avis sur Le voyage de Shuna

Lorsque Hayao Miyazaki publie Le Voyage de Shuna, on est en 1983. Le réalisateur bénéficie déjà d’une excellente réputation, même si sa Grande Œuvre est encore à venir. Il a néanmoins produit deux séries manga, dont Nausicaa qui est en cours de réalisation.

Cependant, avec l’histoire de ce jeune prince voyageant pour récupérer une mystérieuse graine qui sauvera son peuple, on a toute l’essence d’un univers déjà bien installé, avec des thèmes qui vont revenir tout au long des films. Malgré tout, même si, dans ce voyage de Shuna on reconnait pas mal d’éléments de Nausicaa, comme ce jeune héros (chez Miyazaki, l’espoir est toujours venu de la jeunesse) qui part à l’aventure pour sauver son peuple, on retrouve cette problématique d’un retour la nature, loin des affaires des hommes. Miyazaki ira plus loin dans ses films, en présentant l’humanité comme insensible à cet environnement, voire même carrément nocive.
Mais ici, le jeune prince veut simplement mettre la main sur cette étrange graine (du blé) qu’il ne trouvera qu’en allant aux frontières du monde, loin des hommes et de leur civilisation, en bravant l’inconnu.
Le scénario est bien plus linéaire qu’à son habitude, bien que l’on y retrouve cette générosité et la notion de l’abnégation qui anime le héros et ses amies. Le récit est émouvant, avec ce qu’il faut de rebondissements, on ne peut qu’être touché par ces péripéties, les rencontres, cette volonté d’aider la jeune Théa et sa petite sœur, puis l’attente de ces dernières et tout ce qui va suivre. On reconnait bien le style de Miyazaki, cette finesse dans les caractérisations, cette volonté de défendre les plus « fragiles » contre la violence… En cela, Le voyage de Shuna est bien représentatif du travail de Miyazaki réalisateur.

Mais ce qui est vraiment intéressant, c’est d’avoir une intrigue qui ne se construit pas autour d’un élément qui va « sauver le monde », mais qui peut apporter le bien et une éventuelle prospérité. L’or et les biens matériels ne sont plus au centre des préoccupations, mais un élément plus important, le blé, qui peut nourrir, se replanter, qui peut aussi se décliner de mille et une façons. De ce point de vue, le scénario est bien plus constructif et plus intime, car bien plus proche du peuple et de ce qui peut lui amener réellement le bonheur essentiel.
Ainsi, Miyazaki s’écarte des grandes sagas pour s’attacher à une histoire plus fine, plus subtile qui parle avant tout d’un jeune homme qui s’est fixé un but et qui va aller jusqu’au bout, quitte à rencontrer celle qu’il aime au passage.

Un album vraiment attachant, parcouru par de magnifiques planches à l’aquarelle ou se superposent des textes en voix off. C’est tout simplement sublime. Tous ceux qui aiment les univers du célèbre réalisateur sauront fondre littéralement à la lecture de ce Voyage de Shuna.

Vivement recommandé.

Par FredGri, le 15 octobre 2023

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