LEGENDE
Les dieux nous gardent

L’itinérant Tristan de Halsbourg serait-il prêt enfin à poser armes et bagages à la faveur de ce nouvel épisode ? La réponse se trouve dans ce tome qui nous fait percevoir un danger grandissant ébauché en fin d’album précédent et qui, sous celui présent, prend des proportions beaucoup plus menaçantes. Le duo Ange poursuit donc la destinée voire la légende de leur personnage de prédilection établi sur les terres du nord de la Russie.

Cet épisode se veut une fois encore une fois bien agréable à parcourir. Toujours dans des accents médiévaux plutôt rudes, il a l’avantage d’entremêler avec adresse plusieurs tranches de vies, induisant une diversité bien profitable. C’est ainsi que sous le couvert d’une grande menace présageant des combats sanglants, l’on découvre entre autres la généreuse histoire d’amour de Tristan et de Dojnitsa, les roucoulades d’Abel, l’errance parfois musclée de Frère Aeldred et son implication pour combattre la menace des envahisseurs.

Evidemment, Tristan et Aeldred restent les éléments clés de cet album, chacun usant d’une stratégie dont la finalité est la même. Les coscénaristes trouvent ici l’occasion de changer quelque peu la donne, trouvant une échappatoire dans la lutte contre la horde qui n’est pas celle à laquelle on pensait au départ. La surprise est donc au rendez-vous et ce, dans des effets plus estompés qu’escompté.

Stéphane Collignon fait encore un très joli travail sur l’épopée de Tristan de Halsbourg. A la fois fidèle à l’univers de Yves Swolfs et assez éloigné du trait de ce dernier, l’artiste reste dans une mesure picturale avertie, grâce à un semi-réalisme toujours aussi remarquable. Les personnages sont toujours aussi marquants et marqués et les décors qu’ils soient enneigés ou enherbés sont d’une richesse impressionnante.

Un onzième tome réellement appréciable que les fans de la première heure du fameux Tristan de Halsbourg ne louperont pas.

Par Phibes, le 22 novembre 2023