Les bébés volés du franquisme

Alors que Maria prépare le Bac, à Paris, elle apprend qu’elle est enceinte. C’est un véritable coup de massue et elle ne sait pas comment l’annoncer à son père, avocat qui noie son chagrin dans le travail depuis que sa femme est décédée.

Mais, les problèmes n’arrivant jamais seuls, un hôpital de Barcelone appelle pour annoncer que Carmen, la grand-mère de Maria, a été admise aux urgences. Il faut se rendre immédiatement en Espagne. Les retrouvailles avec leur pays d’origine vont leur ouvrir les yeux sur un secret de famille trop longtemps dissimulé.

Par legoffe, le 17 août 2022

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Notre avis sur Les bébés volés du franquisme

Laure Sirieix est actrice, mais aussi autrice de BD, en particulier de livres « jeunesse ». Elle démontre pourtant, avec cet album, qu’elle est aussi une scénariste de premier ordre lorsqu’il s’agit d’écrire un drame historique inspiré – hélas – de faits réels.

Cet ouvrage évoque, en effet, un des drames du franquisme, celui d’enfants soustraits à leurs parents républicains par le régime de Franco, le tout avec la complicité de l’Eglise espagnole notamment.

Pour raconter cette tragédie, Laure Sirieix s’appuie sur les découvertes que vont faire une lycéenne et son père lors de ce voyage imprévu en Espagne. Le choc du secret gardé dans leur entourage hispanique, révélé par le journal de l’arrière-grand-mère de Maria, leur ouvre les yeux sur un passé glaçant.
La guerre civile paraissait déjà loin et abstraite pour les deux protagonistes. Ces témoignages, qui sont autant d’épisodes clé de la guerre telle qu’elle a été vécue par ces simples civils, ont de quoi provoquer l’effarement et même l’écoeurement des lecteurs. Privations, tortures, rien n’est épargné à des gens dont l’erreur était d’avoir des idées opposées à celles du vainqueur. Et leurs bourreaux n’étaient pas seulement les soldats franquistes…

Laure Sirieix est parvenue à nous toucher avec d’autant plus de force qu’elle mêle habilement scènes du présent et du passé. C’est l’occasion d’évoquer ce qui reste de cette époque dans l’Espagne d’aujourd’hui, de mesurer le poids des non-dits et l’antagoniste qui demeure, en filigrane, dans la société. Pour Maria, son père et pour le lecteur, l’expérience est riche en émotions.

L’ensemble est construit intelligemment. On pardonnera quelques coïncidences improbables et certaines pages chargées en texte car l’ensemble est trop intéressant pour s’arrêter à cela. Et l’ensemble est dessiné avec beaucoup de caractère par Lauri Fernandez. On flirte entre le rétro et le moderne, le tout baigné d’une colorisation qui fait la part belle aux contrastes.

Il y a une véritable âme espagnole dans ces pages, tant par le graphisme que par le tempérament des personnages. Ce voyage en Espagne vous promet du coeur et des larmes.

Par Legoffe, le 17 août 2022

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