Les Brigands

Adaptant assez librement le célèbre roman chinois « Au bord de l’eau », de Shi Nai’An, Magnus nous entraîne dans une succession d’aventures, dans les pas de la Bande des 7 Astres qui s’est constituée autour du maire Chai Gai, pour combattre les abus de pouvoir du préfet Liang Chung-Shu et de ses complices…

Par fredgri, le 3 juillet 2024

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Notre avis sur Les Brigands

I Briganti (le titre original) reste une œuvre inachevée, Magnus n’ayant pu aller jusqu’au bout de ce qu’il projetait, comme nous l’explique brillamment Christian Marmonnier dans son introduction. En effet, plus il avançait en âge, plus le maître italien devenait perfectionniste (allant jusqu’à passer 7 ans sur son sublime Tex Willer, par exemple)
Travaillées néanmoins à des périodes différentes, les parties de cet album démontrent l’indéniable finesse du dessin et le soin porté aux détails, aux expressions diverses. Magnus est alors au sommet de son art, un art qu’il ne va avoir de cesse de peaufiner encore et encore.

Avec ce volume, malgré tout, on est en plein feuilleton, avec des rebondissements à tout va et une intrigue qui ne cesse de nous emmener de tous les côtés, glissant du conte oriental aux combats spatiaux, des courses à chevaux aux armées de tanks, de la romances soap à la hard SF… Initialement écrit au XIVe siècle, le texte est ici revisité, tout en gardant les thèmes, la trame générale et les innombrables personnages.
Alors, en effet, il faut suivre, car finalement ça va assez vite, que les noms « exotiques » peuvent parfois s’emmêler dans nos têtes, mais en contre-partie l’expérience de lecture est fascinante. On se laisse mener dans un flux narratif à la fois complexe et très riche. De plus, Magnus digresse, va d’un récit à l’autre en suivant un fil conducteur ténu qui nous rappelle le rythme des grands romans populaires comme Les Trois mousquetaires, Les Mystères de Paris, le Juif errant… On aurait même envie de découvrir le roman après avoir refermé la dernière page de cet album.

Véritable maître du fumetti et des séries qui se délient au fil des épisodes, Magnus reste fidèle à une tradition et à un rythme d’écriture à la fois dynamique et fluide. Même si on peut avoir l’impression, régulièrement, que cela se précipite un peu. Toujours est-il qu’on est complètement happé par cette lecture, mais aussi par la beauté de ce noir et blanc.
Les Brigands nous permet de redécouvrir un artiste hors norme qui a su garder une vraie exigence dans son dessin, comme chaque page de ce volume peut en témoigner.

Revival continue d’exhumer des œuvres patrimoniales importantes et Les Brigands en est le parfait exemple. Une édition de qualité, magnifiquement « enrobée », qui donne très envie d’y replonger.

Évidemment très conseillé.

Par FredGri, le 3 juillet 2024

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