Les collines rouges

Elise est une jeune femme d’une trentaine d’années, son histoire commence dans une campagne perdue du le sud de la France quand elle demande à la personne qui l’avait prise en stop de la déposer là, au beau milieu de nul part. Marié et mère de deux enfants elle a tout abandonné, pourquoi ? Que ou qui fuit-elle ? Le sait-elle seulement elle-même…

Par melville, le 10 avril 2010

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2 avis sur Les collines rouges

Les éditions Futuropolis ont pour volonté éditoriale de proposer « des livres de bande dessinée », de se démarquer de la production plus « traditionnelle » pour montrer que la littérature possède pleinement sa place au sein du 9ème art. Aujourd’hui, avec Les collines rouges, ils explorent ce concept encore un peu plus loin en éditant leur premier véritable roman, ou presque. Presque parce qu’au long des 324 pages écrites par Dodo, on trouve de temps à autres une illustration ou quelques planches de bande dessinée de son ami Ben Radis. Et aussi surprenant que cela puisse paraître le résultat nous apparaît d’un naturel déconcertant, une fois cet ouvrage terminé on a du mal à imaginer qu’il eu pu en être autrement.

Les collines rouges conte l’histoire d’Elise. Tragique, cruelle, on n’en ressort pas indemne. C’est le genre de récit qui fonctionne à l’empathie et qui, s’il vous empoigne n’est pas prêt de vous abandonner de si tôt… Elise est une jeune femme de trente ans, un peu plus peut-être mais pas de beaucoup, qui décide un beau jour sans crier gare de quitter sa petite vie de bourgeoise parisienne. Elle ne le fait pas par goût de l’aventure ou par soif de liberté, non ; elle s’enfuit littéralement de chez elle, elle fuit les siens, elle fuit ses responsabilités, elle fuit ses peurs… Elle se retrouve un peu par hasard dans ce pays du sud de la France où les collines sont rouges, là-bas, elle s’invente une nouvelle vie, pour les autres, mais aussi et surtout pour elle-même. Loin de tout, loin des gens, elle se retire dans un petit cabanon qu’un couple de paysans lui loue. Seule dans un premier temps, Elise ne va pas tarder à faire la connaissance d’un jeune homme. Enigmatique, elle ne connaîtra réellement de lui que son prénom : Chris. Tous deux partagent un certain goût pour le silence et une relation naît entre eux, charnelle et ambiguë, sauvage. A chaque moment passé ensemble, ils deviennent un peu plus complices, ils semblent s’ouvrir doucement l’un à l’autre, Elise semble à nouveau heureuse. Mais soudain c’est le drame, un acte horrible est commis. Elise est inculpée par la gendarmerie, Chris également, moralement pour nous lecteur, c’est le premier choc, le premier car ce n’est alors que le début d’une longue descente aux enfers où le doute s’immisce sournoisement dans nos pensées. Pour Elise c’est l’heure des comptes, tout ce qu’elle fuyait lui revient violemment en pleine figure… Voilà, je n’en dirais pas plus sur l’histoire, si ce n’est peut-être qu’encore une fois face à la rudesse et l’adversité, Elise reproduit ce qu’elle fait depuis toute petite déjà, elle fuit encore et toujours…
Poignant, bouleversant, une fois terminé ce roman nous plonge dans une timide mélancolie, timide mais bel et bien là et n’attendant que le bon moment pour resurgir, car comment ne pas se reconnaître ne serait-ce qu’un peu dans le personnage d’Elise…

L’écriture de Dodo est à l’image du dessin de Ben Radis, malgré la noirceur du propos, les mots sont chargés de douceur et de compassion. Dodo s’attarde sur les petits détails, les paysages. Ces descriptions font comme ralentir le temps et instaurent un peu plus à chaque mot la douce mélancolie qui nous imprègne nous lecteur.

Les collines rouges est un livre avec un peu de bande dessinée dont je vous recommande vivement la lecture.

Et comme pour prolonger encore un peu plus le vague à l’âme, Les collines rouges c’est aussi un cd de quatre titres composé et interprété par Dorval. Directement inspiré du roman, la voix douce de Dorval finit de nous achever mais étonnamment c’est en boucle qu’on l’écoute comme pour ne plus jamais quitter ces collines rouges… (Cet album est disponible chez Dièse Production)

Par melville, le 10 avril 2010

L’appellation ‘roman gaphique’ ne se sera jamais aussi bien nommé qu’avec ‘Les collines rouges’, la dernière parution de Dodo et de Ben Radis aux éditions Futuropolis (plus connus pour leurs productions de bandes-dessinées dites ‘d’humour’ chez Glénat ou aux Humanoïdes Associés), cette appellation plutôt ‘élastique’ prend ici tous son sens.
Cet étonnant roman, tout droit sortit de la plume précise et limpide d’une Dodo se délectant d’avoir enfin la place de s’attarder sur les descriptions de ces ‘petits riens’ qui feront toute l’ambiance, ne serait pas graphique s’il n’était pas illustré par son acolyte de toujours, son complice, Ben Radis. Que ce soit pour la beauté des 28 illustrations qui ponctuent le déroulement du récit, ou des 96 planches de BD (quand même !) qui se substituent au texte d’une façon tellement naturelle que l’on passe de l’un à l’autre sans s’en rendre compte (saluons au passage le remarquable travail sur la maquette, le texte, calé au mot près cède sa place au dessin, l’un et l’autre s’entre-mêlant dans un rythme qui n’est pas s’en rappeler celui du récit), ces pages visuelles vont apporter à l’ouvrage un caractère exceptionnel dans la forme et le lecteur ne se séparera plus des visages et des paysages du récit. En refermant ‘les collines rouges’, je frémis encore de ce destin sacrifié, de cette femme qui, en tentant de se ‘survivre à elle-même’, va se perdre dans l’horreur d’une mauvaise rencontre… Cette tranche de vie, même si le mal de vivre d’Élise ne nous concerne pas, nous fait frémir car personne ne peut prévoir si sa propre route ne va pas croiser un jour celle d’un ‘Chris’, cette malchanceuse héroïne nous rappelle qu’on ne sait rien de ce que l’avenir nous réserve, pauvre reine malencontreusement déplacé sur l’échiquier du mal, la partie est perdue d’avance, mais le joueur ne le sait pas encore… Le cauchemar d’Élise nous concerne et le récit, si délicat dans ses descriptions et dans ses ambiances, nous laisse un étrange sentiment de tristesse… Bravo au tandem, mais attention au lecteur : ce récit nous tient et nous colle à la peau, on ne ressort pas indemne des collines rouges !
Notez tout de même que ‘les collines rouges’ n’est pas qu’un simple (!) roman graphique, le rythme lancinant de cette histoire se retrouve concrètement dans un vrai disque doté d’une vraie musique, édité chez Dièse productions, 4 morceaux ont été composés par l’équipe de Dorval, les textes ont été co-écrit par Dodo et Pascal Baehrel, l’ambiance est lancinante, la tristesse dans toute sa splendeur domine le projet, la musique est à écouter en lisant le roman, et tout comme l’histoire, la petite muisque de ce projet ne sera pas prête de vous quitter…

Par Léa Pivin, le 1 mai 2010

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