LES COMBATS INVISIBLES
La bonne amie

La production BD jeunesse donne ces dernières années une place importante à la problématique du harcèlement en milieu scolaire, se faisant l’écho d’un phénomène qui s’est amplifié avec la généralisation du smartphone et de l’utilisation des réseaux sociaux dès le collège. Dupuis, sous son label Vega – Kfactory, propose avec Les combats invisibles, sous un format manga, et en partenariat avec l’association e-enfance et la jeune entreprise Little Spark créatrice de projets engagés, un récit fort, parfois dur, sans censure ni euphémisation des enjeux.

Prévu en quatre tomes, Les combats invisibles nous emmène dans le quotidien d’Océane, collégienne qui doit avec ses amies subir les jugements et moqueries récurrents d’un groupe de garçons réunis au sein des « 4 Cavaliers de l’apocalypse ». Lorsque la jeune fille sort avec Tom, son quotidien va basculer, et la mécanique du cyberharcèlement va s’enclencher. D’un schéma narratif assez classique et déjà lu, le scénario va glisser vers quelque chose de beaucoup plus noir, cru, parvenant à saisir la réalité de ce cercle vicieux du harcèlement qui peut se terminer dramatiquement. Le rôle des réseaux sociaux est justement inséré dans ce premier tome, là encore sans filtre, au plus près de la réalité des ados. Sexualité, diffusion de nudes, sont aussi abordées sans censure par les auteurs.

Il y a certes un certain décalage graphique entre les personnages croqués par Mashi et leur âge supposé, ainsi que dans certains aspects de leur quotidien, qui reflètent plus le mode de vie et le physique de lycéens que de collégiens, mais le message de ce premier volume fonctionne, tout en proposant une histoire cohérente et bien menée par Karim Alliane (Licorne détective club), épaulé par Taous Merakchi (Coven).

Les combats invisibles touchera forcément votre ado, et peut permettre d’échanger avec lui sur un quotidien numérique qui vous échappe peut-être. Sans délaisser l’intérêt scénaristique de leur ouvrage, les auteurs signent un premier tome en adéquation avec leur époque et l’emprise des réseaux dès le plus jeune âge.

Par V. DEGACHE, le 23 novembre 2023