Les dames de Kimoto

Sachant que Hana va devoir bientôt se marier, sa grand-mère Toyono a souhaité que celle-ci l’accompagne dans l’ascension du mont Koya. En effet, eu égard à sa beauté, son intelligence et son savoir-vivre, la vieille dame a beaucoup d’affection pour sa petite-fille et le lui témoigne généreusement car elle est, pour elle, le fleuron de la famille Kimoto. Pour cela, Toyono refuse qu’Hana se joigne à la famille Suda, lui préférant selon les forces naturelles, le fils Matani, Keisaku. Le destin d’Hana est donc scellé. Soumise à son époux, la jeune femme joue, sans se plaindre, son rôle de femme au foyer. Isolée toute la journée, elle croise de temps en temps Kôsaku, son beau-frére, souffreteux et célibataire. Elle finit par tomber enceinte et accouche d’un garçon auquel Keisaku prédit une carrière politique. Quelques temps après, Hana donne naissance à une fille, Fumio, qui va bientôt se révéler anticonformiste et imperméable aux traditions séculaires au grand dam de sa mère. Quelles craintes doit-elle avoir lorsque Fumio aura à son tour naissance des enfants ?

Par phibes, le 19 mars 2022

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Notre avis sur Les dames de Kimoto

Pour la première fois dans sa carrière, Cyril Bonin franchit le seuil de la Maison Sarbacane pour mettre à l’honneur sa nouvelle production. Cette dernière se nourrit du roman éponyme de l’auteur japonais Sawako Ariyoshi qui relate la destinée à partir de la fin du 19ème de trois femmes de même famille et de générations différentes et leurs réactions variées vis-à-vis des traditions culturelles.

Cette adaptation qui a obligatoirement couté un gros effort de « compression » à l’auteur se veut de belle qualité. Dans un esprit évidemment très japonais, Cyril Bonin nous livre l’existence très cadrée de la généreuse Hana qui, sous la bénédiction et les conseils ancestraux de sa grand-mère Toyono, va se dérouler au rythme d’une réelle subordination conforme aux coutumes anciennes. Encline à jouer son rôle de femme soumise, secrète et respectueuse, elle paraît progressivement à faire valoir ses points de vue. Son évolution, pourtant balancée entre des moments de bonheur et de malheur, demeure tout de même limitée contrairement à sa fille Fumio qui, aspirant à un réel besoin de modernité, vient rapidement se camper en contradiction avec elle. Ce n’est que lorsque arrive la troisième génération avec Hanato que nous découvrons une sorte de consensus entre la grand-mère et la fille.

D’une beauté remarquable, ce récit classique se veut un témoignage captivant de la culture japonaise du début du 20ème siècle. Au travers de cette fiction, l’on découvre le sort de la femme ancrée dans des obligations ancestrales. L’évocation est des plus sensibles, portée par Hana, femme certes docile mais pourvue d’une intelligence et d’une personnalité fortes, non dénuée d’émotions et de délicatesse ô combien apaisantes et stupéfiantes.

Il va de soi que le graphisme porte vers le haut la qualité de cet ouvrage. On reconnaît bien évidemment la patte de Cyril Bonin qui nous offre une fois de plus un travail délicat, subtil, généreux. On saluera en particulier le travail sur ses personnages, sur leur expressivité, sur leur posture spécifique, sur leur soumission sur leur tenue respectueuse vis-à-vis de leur pair… On perçoit aisément que l’artiste a fourni un gros effort de recherche pour restituer les ambiances et le cadre de cette adaptation.

Une restitution illustrée du roman de Sawako Ariyoshi des plus remarquables de la condition de la femme japonaise des années1900.

Par Phibes, le 19 mars 2022

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