Les damnés de Cap Town

Sangoma est certainement l’une des plus belles surprises de cette fin d’année. Un polar sur fond de mouvements sociaux, un policier charmeur, mais particulièrement efficace et de nombreux secrets qui compliquent la situation.
On plonge alors dans un pays déchiré par des conflits fratricides, avec des populations qui ne supportent plus cette cohabitation noirs/blancs teintée d’inégalité, ou les traditions s’opposent, ou l’atmosphère extrêmement tendue laisse entendre que la moindre étincelle peut faire éclater une guerre civile.

Le scénario très précis de Caryl Férey se déploie lentement, nous présentant petit à petit le cadre dans lequel va évoluer cette histoire. Qu’il s’agisse des enjeux politiques, des conflits entre les individus, de tout ce qui va constituer la tension au milieu de laquelle va évoluer le lieutenant Shepperd qui, malgré son air nonchalant, prend rapidement le taureau par les cornes et ne se laisse pas influencer par ce qu’il découvre au fur et à mesure !
150 pages d’enquête captivante, qui dressent le portrait d’un pays en pleine remise en question, qui s’effiloche au gré des conflits. Si cette affaire peut parfois sembler assez "classique" dans ses grands axes, elle sert toutefois très habilement de fenêtre ouverte sur un univers que l’on ne connaît pas très bien, ou alors de très loin. Le regard de Caryl Férey est incisif, il ne prend pas forcément ouvertement partie, mais condamne ceux qui pensent que tout se réglera dans la violence. De son côté, Corentin Rouge livre une nouvelle fois des planches absolument magnifique, très expressives, qui témoignent de la complexité de ce qui se trame en profondeur !

Un album qui ne laisse pas indifférent, qui se dévore d’une traite. On peut même prédire, sans trop se tromper qu’il va certainement intéresser à un moment donné un producteur ciné… Croisons les doigts…

Très conseillé !

Par FredGri, le 2 novembre 2021