Les derniers jours de Robert Johnson

L’histoire démarre en aout 1938. Il ne le sait pas encore, mais le jeune Robert Johnson, qui commence à se faire une sérieuse réputation de jeune prodige du blues dans sa région, vit ses derniers jours. Avec un ami, sa seule guitare en bandoulière et quelques dollars en poche, il entreprend de monter à New York pour participer à une audition en espérant ainsi avoir la possibilité d’enregistrer quelques morceaux. En parallèle, deux hommes commissionnés par le patron du Carnegie Hall sont à sa recherche pour lui demander de participer à un concert collectif. Et si ces deux routes ne se croiseront pas, le voyage qui attend Robert va lui permettre de faire le point sur sa vie, ses rêves et sur sa musique…

Par fredgri, le 21 août 2024

Notre avis sur Les derniers jours de Robert Johnson

Ce qui est fascinant avec cet album, c’est cette impression de suivre silencieusement les errances d’un homme qui ne nous est jamais vraiment sympathique, mais qui s’aventure sur une route dont il ne perçoit qu’assez vaguement le but, sans cesse dispersé par les aléas du trajet, les rencontres, les soirées à essayer de gagner quelques dollars, les femmes à séduire, en ne tenant pas compte des éventuels maris dans le coin…

Robert Johnson fait donc parti de la légende du blues, de ces prodiges que l’on dit surdoués, auxquels on colle des rumeurs, peut-être qu’il aurait signé un pacte avec le diable, une vie brève contre une main d’or à la guitare… Cette histoire qui se raconte en chuchotant, elle imprègne les pages de cet album, lui rajoutant une sorte d’aura mythique contrastée par le graphisme sec de Duchazeau et un scénario très ancré dans le réel.
Où peut bien aller réellement Bob ? Qu’est-ce qui anime cette musique et cette voix ? « Terraplane Blues » passe en boucle à la radio, les jeunes femmes qu’il croise arrivent à peine à croire que c’est lui qui chante dans le Jukebox, il use de cet effet de surprise pour charmer, il en oublie de jouer, il ne rêve pas de millions, il ne sait même pas comment sera le lendemain, mais qu’importe…

C’est dans cette ambiance digressive que nous évoluons au fil des planches, séduits pas le graphisme en noir et blanc absolument magnifique, un peu plus de 230 pages fascinantes qui s’attardent régulièrement sur des détails, des décors, l’atmosphère d’un bar enfumé, au milieu des couples qui dansent, qui sourient…

Les derniers jours de Robert Johnson est un album hors du temps, qui se savoure lentement, et si possible essayez de passer des vieux morceaux de blues en même temps que votre lecture, l’effet est saisissant.

Vivement conseillé.

Par FredGri, le 21 août 2024

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