Les dormants

Il n’arrive plus à dormir et erre à travers le pays, sans se rappeler de ce qui précède cette insomnie qui le hante ! Il finit par arriver à Bouddumonde, une petite île assez étrange avec une population des plus antipathiques. Il faut dire que dans cette île habite aussi une jeune fille qui a l’incompréhensible pouvoir d’endormir tout ceux qu’elle approche. Tous sauf… lui évidemment… Commence alors une étrange amitié qui va réunir ces deux exclus. Elle s’appelle Dorine, elle va apprendre à davantage se sociabiliser, il s’appelle Jean et sa mémoire va progressivement lui revenir…

Par fredgri, le 19 mars 2013

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Notre avis sur Les dormants

J’ai d’abord été intrigué par cette mystérieuse couverture, c’est vrai. Une couverture qui laisse entrevoir le regard d’un homme fatigué, qui semble porter un poids très lourd, une sorte de souvenir qui le hante ! On est fasciné par cette atmosphère qui commence à se dégager.

Puis, en ouvrant l’album on est happé par le style de Munoz, cette ambiance ocre grise avec de très jolis modelés d’où émerge un personnage qui n’arrive pas à dormir. On ne connait rien de lui, et ça tombe bien car lui non plus semble découvrir l’histoire au fur et à mesure, comme nous !
Petit à petit l’auteur nous fait glisser vers un univers aux limites de la réalité, un étrange village de péquenots "hanté" par une jeune fille fantasque qui les fait tous roupiller dès qu’elle s’approche. Une sorte de belle au bois dormant inversée, sans cesse à la recherche de son prince charmant qui voudra bien au moins l’écouter… Le héros s’appelle Jean, il n’a rien d’un prince, il est habité par un souvenir qui ne veut pas encore remonter, il va se laisser séduire par la présence sautillante de la fille et ensemble ils vont avancer dans l’album.

Le scénario se laisse donc lire très agréablement, d’autant qu’il alterne habilement des moments assez légers avec d’autres plus dramatiques, plein de solitude, de tristesse ou de colère, et ce mélange donne une texture très particulière à l’album. On est à la fois touché par la justesse des portraits, des non-dits, par ces blessures qui s’ouvrent progressivement et qui poussent les êtres à se rapprocher, à vibrer ensemble ! de plus j’ai beaucoup aimé aussi cette façon de ne pas répondre à toutes les questions, de jouer sur les silences, sur la frustration qu’un lecteur peut avoir devant une fin qui n’en est pas une, de ne pas avoir toutes les pièces en main (Bon, il y a tout de même le formidable er sublime flash back qui dénoue pas mal de noeuds…).

Il y a beaucoup de poésie dans ces pages, l’âme d’un auteur qui livre ici un formidable one-shot au graphisme somptueux.
Car en effet, c’est aussi très beau. Un traitement graphique à base de teintes monochromes relevées par des touches de blanc et quelques incursions de couleur par-ci par-là. J’adore. Sans compter les cases ou on s’arrête juste pour les admirer !

Trouvez vous vite cet album, vous ne serez pas déçus.
Mais surtout il y a là un artiste qu’il faut surveiller de très près, ce Jonathan Munoz est en passe de marquer les mémoires !

Très conseillé !

Par FredGri, le 19 mars 2013

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