Les enfants d'abord

Né en 1878, dans une Pologne qui n’existe plus, Janusz Korczak doit très vite apprendre à vivre sans père, interné en asile psychiatrique, et sans sa grand-mère dont il était très proche. Menant des études à l’Université impériale de Varsovie, mais assistant surtout aux cours de l’ « Université volante », école clandestine et fer de lance de la défense de la culture polonaise face à l’occupant russe, il va par la suite écrire, voyager, participer à la Guerre russo-japonaise (1904-1905) comme médecin dans un train-sanitaire, et surtout s’intéresser au sort des enfants, et forger une pédagogie innovante, mettant ceux-ci au centre des attentions.
Une conception plutôt osée pour l’époque, qui va se concrétiser par le rachat d’un terrain vague, sur lequel il bâtit son Dom Sierot (Maison des orphelins) en 1912, à Varsovie, entièrement dédié à l’éducation.

Priscilla Horviller dessine avec justesse la biographie de cet homme au parcours exceptionnel, sur des planches au fond blanc. La partie consacrée à la 2ème Guerre mondiale, dans le ghetto de Varsovie, où Korczak n’acceptera aucune compromission avec l’occupant nazi, et poursuivra son engagement auprès des enfants jusqu’au bout, est particulièrement émouvante, la dessinatrice signant de belles compositions, n’hésitant pas à déconstruire ses planches, sans tomber dans le pathos.
Appuyée par le récit de Stéphane Tamaillon, on dévore la biographie de cet homme exceptionnel, journaliste, médecin, pédagogue, écrivain (son classique de la littérature jeunesse, Le roi Mathias 1er, sert de fil rouge à la BD), dont le courage force le respect, et la vision de l’enfance paraît aujourd’hui tellement évidente.

Les enfants d’abord est un bel hommage à Janusz Korczak et à son œuvre, et les auteurs parviennent à nous immerger avec talent dans cette vie trépidante et immensément riche ! Un album vivement recommandé, aux éditions Steinkis !

Par V. DEGACHE, le 6 avril 2022