Les enfants de la Liberté

Alain Grand adapte, ici, le roman le plus personnel de Marc Lévy. Ce dernier raconte, en effet, l’engagement dans la Résistance de son père et de son oncle et, avec eux, le destin de plusieurs membres de la 35e Brigade, à Toulouse. Ce groupe pris le nom de Marcel Langer, son leader, lorsque celui-ci fut arrêté et condamné à mort en 1943 par la justice collaborationniste française.

L’histoire est particulièrement poignante. La plupart des Résistants que nous rencontrons dans le livre sont assez jeunes. Jeunes, mais extrêmement courageux et engagés. Ils vont risquer et, parfois, perdre leur vie pour leurs idéaux.

La BD nous permet une immersion marquante dans la France de l’Occupation, où l’ennemi est partout, parfois en tenue allemande, mais souvent très Français (et plus franchouillard, comble de tout, que certains résistants qui, installés à Toulouse, étaient des migrants des pays de l’Est ou fuyards de l’Espace franquiste).

Le lecteur ressent le danger, l’angoisse, dans les pages, autant qu’il apprécie l’esprit de groupe et de sacrifice de ces jeunes incroyables. Il rage aussi en pensant à tous les fonctionnaires zélés de Vichy, qui participèrent, à leur niveau, au démantèlement de la brigade et qui poursuivirent tranquillement leur carrière après la guerre.

Alain Grand réalise une adaptation très réussie du roman. Le découpage du récit est parfait, vivant, rythmé. Quant à ses dessins, ils sont superbes, avec des personnages aux traits semi-réalistes et des décors toujours bien travaillés. La qualité se ressent aussi dans le papier choisi par Casterman, qui valorise son oeuvre. Le tout forme un épais ouvrage de près de 160 pages, accompagné de documents historiques rappelant qu’il s’agit d’une histoire vraie.

Promis, malgré son épaisseur, cette histoire complète se dévore presque d’une traite, personne n’ayant envie de quitter la lecture avant d’avoir découvert la destinée des différents personnages. Aussi passionnant qu’émouvant.

Par Legoffe, le 27 décembre 2021