Les enfants

Quelques jours dans la vie d’une bande de gamins en Afrique, leur quotidien dans les rues, leur fantasmes, leur colère et surtout leur regard sur le monde qui les entoure, l’absurdité de ce monde d’adulte !

Par fredgri, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur Les enfants

Et le petit gamin, dans la rue, le petit Mongol regarde le chien, lui parle et s’imagine que le petit toutou lui répond, s’engage alors un drole de dialogue… Autour d’eux la vie continue, les enfants se baladent, ils regardent la belle Anika, se moquent de Nefertiti, l’étrange homo plein de manières et de rancune !

Le pays est près de se déchirer, les blancs ne sont pas encore partis et leur présence en énerve quelques uns.. Alors tandis que le petit Mongol, qu’Angel, qu’Airbus ou Black Domino trainent dans les rues, ils reçoivent la vérité et ses multiples versions, comment aller s’imaginer quelle est la réalité ?

J’entrouvre doucement cet album de Stassen, depuis le temps que je l’attendais, voyez vous ! Je reste encore sous le charme de ce style, de ce graphisme qui me fait soupirer, silencieusement dans mon coin, je regarde encore et encore le travail sur la lumière, sur les masses, sur les cadrages, je reste assis et à nouveau je tourne la page.
Doucement !

Peut-être que je me retrouve dans les rues de cette ville, moi aussi, à errer, à m’arréter près d’une flaque, à entendre le petit garçon qui parle à ce chat, me demander ce qui peut bien lui arriver de ne plus vouloir parler aux autres êtres humains, à sans cesse vouloir humaniser tout ce qui l’entoure pour continuer son dialogue avec sa conscience afin de mieux percevoir ce monde et sa réalité ! Et j’observe le fier Black Domino qui crane avec son portable, qui se vante d’avoir vu et conquis tellement de filles !!! Mais je regarde ces bars, ces rues, ces ombres qui se faufilent au grés de ces planches sous le pinceau de Stassen.

Peut-être est il trop sombre !

Parfois, je ne distingue pas très bien ce qui se passe dans la nuit, ces cris, ces insultes et ces menaces !

Ses histoires sont toujours un brin désillusionnées, cruelles, comme si, finalement, il n’y avait aucun espoir dans la petite larme sur la joue d’Anika quant elle murmure : « Mon Dieu ! Ce monde est affreux. » Et, malgré les petits dialogues de Mongol, malgré les contes de Black Domino ou les explications pleines de cynisme du commissaires Colombo, ce monde continue à s’enfoncer dans sa bêtise et ses illusions.

Ses enfants ne sont plus simplement des personnages, des gamins, mais le reflet de ses hommes qui se font manipuler par les uns et les autres, qui se précipitent dans les rues pour massacrer, piller, qui écoutent les messages qui se reflètent dans ces images autour d’eux, qui serrent les poings devant le monde qui se déforment au grès des idéaux des autres !

Les enfants sont des gens qui obéissent, malheureusement, alors…

Alors, je referme ce magnifique album de 76 pages, il faut absolument le relire. Je regarde, par ma fenêtre, l’horizon.

Une mouche vient se poser, je lui demande : « Mais dis moi, la mouche, crois tu aussi, que le monde est affreux ? »…

Et elle me répond : « A ton avis… ! »

Ce jour là, il se met à pleuvoir !

Par FredGri, le 8 février 2004

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