Les ennemis du peuple

Nous sommes en Italie, une usine va bientôt fermer pour se délocaliser, précipitant ainsi 800 salariés à la rue. Les syndicats se mobilisent et même s’ils sentent bien que cela ne servira à rien, la hargne gronde, divisant ainsi la population. En même temps, pas très loin de là, un centre d’accueil de migrants attend un nouvel « arrivage » et là aussi, les avis sont tranchés… Chiara travaille au centre d’accueil, son ex, Fabio, est le fils d’Hannibal, un virulent syndicaliste, tandis que son nouveau compagnon est un carabinier… Chacun a une vision de la société assez différente, avec tout ce que ça peut amener comme débats divergents…

Par fredgri, le 4 mai 2024

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Notre avis sur Les ennemis du peuple

Cet album met l’accent sur les divers sujets et dissensions qui animent notre société, mais surtout les « couches populaires » qui se retrouvent face à un ensemble de situations sur lesquelles ils n’ont aucun contrôle. Qu’il s’agisse des actions complètement décomplexées du patronnât en résonance avec les diktats de leurs actionnaires, l’arrivée massives de migrants qui fuient leur pays et qui provoquent bien malgré eux des réflexes ultra nationalistes un peu partout, sans oublier la notion de sécurité qui sert souvent aux gouvernants de prétexte pour raffermir des élans autoritaristes… Au milieu de tout ça, l’Homme de tous les jours ne sait plus trop ou mettre la tête, tandis que grondent des colères à la fois légitimes et souvent impulsives.

Une grande part de ce volume est donc consacrée à des joutes verbales entre protagonistes qui se confrontent aux idées de leurs proches, qui se justifient, s’énervent et moralisent à l’excès ces prises de position. C’est intéressant, mais finalement l’intrigue générale disparait petit à petit derrière le message, ou plutôt les multiples messages.
Car s’il est intéressant de mettre des mots sur des problématiques plus que jamais d’actualité, de plaies ouvertes et encore vives, on se rend progressivement compte qu’il n’en émerge aucun réel argument constructif, on reste dans un étalage de constats sans appel qui, encore une fois, divisent, plus que de véritablement rassembler. Il n’y a aucun véritable dialogue, juste des monologues partisans.
Mais c’est aussi, paradoxalement, le reflet de l’état du débat moderne qui anime l’actualité et les divers émissions de télé, avec le célèbre adage en toile de fond « Diviser pour mieux régner », plus les contours d’un débat sont flous, plus les idées se radicalisent, plus facile ensuite est l’amalgame et l’émergence des idées extrémistes…

L’album fait réfléchir, mais peut-être plus pour ce qu’il reflète sur « l’Aujourd’hui » et les contours de notre « Demain » ou grandiront nos enfants…

Par FredGri, le 4 mai 2024

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