Les évasions perdues - Stablack, l'université de la collaboration

Jacques Leboy a 19 ans lorsqu’éclate la Seconde Guerre Mondiale. Il décide de s’enrôler même si sa classe d’âge n’est pas mobilisée. Il suit le cursus d’aspirant officier et il est bombardé, malgré son inexpérience, à la tête d’une section de 40 tirailleurs algériens. 

Lorsque l’attaque allemande sur la France survient, Jacques et ses hommes sont rapidement faits prisonniers. Il se retrouve, au fil du temps, dans un camp au nord de la Pologne, le Stalag I-A. En tant qu’aspirant, le jeune homme est incarcéré dans la partie réservée aux officiers. Le quotidien y est moins éreintant, mais Jacques rêve de s’évader. Et cette envie va devenir une obsession lorsqu’il va réaliser combien le collaborationnisme commence à gangréner le camp. La méfiance s’installe parmi les prisonniers français.

Par legoffe, le 22 novembre 2024

Notre avis sur Les évasions perdues – Stablack, l’université de la collaboration

Thomas Legrand nous raconte, à travers le destin du fictif Jacques Leboy, l’histoire bien réelle de son propre père, Marcel, qui a vécu dans un camp de prisonniers très particulier, le Stalag I-A, dont la partie réservée aux officiers faisait l’objet d’une expérimentation convenue entre le gouvernement de Vichy et les Nazis. Le principe ? Former une élite française pour créer la « nouvelle Europe », rien de moins ! 

Malgré mon intérêt constant pour l’Histoire et, en particulier, celle de la Seconde Guerre Mondiale, je n’avais jamais entendu parler de ces projets de « camps-universités ». Les prisonniers étaient invités à étudier et à suivre les directives de soumission de leurs hauts gradés. Ces derniers tenaient des discours de collabos, évoquant – au nom de Pétain – l’importance de se préparer à travailler de concert avec les Allemands pour contrer les juifs ou les communistes. 

Mais, avant de découvrir cette étonnante expérience – et le climat délétère qu’elle engendre parmi ces Français – l’auteur raconte comme l’aspirant va se retrouver captif de l’ennemi puis quel parcours va l’emmener jusqu’aux frontières de la Russie.

Dans cette bande dessinée, le courage côtoie la félonie, la droiture vit à l’ombre de la trahison. Le danger n’est pas seulement allemand, ce qui crée un sentiment étrange, une envie de révolte, que symbolise bien Jacques Leboy. C’est une petite société qui se reconstitue au stalag, avec ses pétainistes et ses gaullistes. Certains collaborent quand d’autres cherchent des faux papiers pour s’évader et reprendre le combat.

Ce livre est intéressant et édifiant de par son propos. On apprend beaucoup de choses, de manière très vivante, en dépit d’un rythme timide.

Les dessins de François Warzala sont très réussis. Sa ligne claire donne naissance à des personnages expressifs, qui pèsent de toute leur présence dans les planches. Il réalise près de 130 pages sans jamais perdre en force et en qualité. Grâce à lui, ce document historique devient aussi un beau roman graphique. 

Par Legoffe, le 22 novembre 2024

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