LES MATINS DOUX

En 1947, Simone de Beauvoir est invitée aux États-Unis par l’Institut français. Elle y fait la rencontre du talentueux écrivain Nelson Algren, rencontre qui va se transformer en une liaison amoureuse torride et passionnée, mais rendue difficile par la distance séparant les deux amants et les liens qui unissent de Beauvoir et Sartre.

Par v-degache, le 13 novembre 2023

Notre avis sur LES MATINS DOUX

Après Simone Signoret & Yves Montand (https://sceneario.com/bd/derriere-le-rideau-2/) et Jean Marais & Jean Cocteau (https://sceneario.com/bd/les-choses-serieuses/) la Collection Dyade de Steinkis s’intéresse au couple Simone de Beauvoir – Nelson Algren.

Si les amours tumultueux de S. de Beauvoir sont souvent traités par le biais de sa relation libre avec Jean-Paul Sartre, les auteures choisissent ici de focaliser le récit sur la liaison passionnée qu’elle va entretenir pendant plus de quinze ans avec l’auteur américain N. Algren, résidant à Chicago. Sartre est là, dans l’ombre, revenant tel une marotte dans la tête et la vie de son « Castor », entrainant de perpétuels questionnements moraux et amoureux chez celle qui tombe sous le charme de l’auteur de L’homme au bras d’or et se plaît à se perdre dans ses bras.

C’est avec grand plaisir que l’on retrouve Anne-Perrine Couët pour son deuxième album solo au dessin. Son Báthory (https://sceneario.com/bd/bathory/) sorti l’année dernière avait été une belle découverte. Évitons les poncifs de « l’album de la confirmation », mais il faut bien convenir qu’elle parvient à capter, grâce à son trait fin et à ses personnages expressifs, toute la sensualité et la passion, mais aussi les moments de clash, qui vont marquer cette partie de la vie des deux auteurs. Et, chose rare dans un monde de la bd franco-belge parfois un peu vampirisé par les hommes, toute la tension sexuelle entre les deux écrivains, quitte à l’exprimer de manière crue et sans filtres, est retranscrite de manière plus que convaincante, et pas uniquement dans l’unique but de flatter un lectorat masculin amateur d’érotisme sur papier !

Centré sur leur relation amoureuse, Les matins doux n’élude pas le parcours littéraire des deux amants, et l’impact qu’aura cette liaison transatlantique sur leur processus de création, incluant leurs échanges épistolaires qui seront par la suite partiellement publiés. Leurs sorties alcoolisées et étreintes dans les bas-fonds de Chicago sont joliment retranscrites et écrites par A.-P. Couët et Ingrid Chabbert (Soixante printemps en hiver), et l’on se plaît à se perdre avec eux dans ces bouges où la bagarre n’est jamais loin !

Les matins doux est avant tout une bd sur l’amour. Un amour traité avec finesse et réalisme, les deux auteures réussissant à coucher sur le papier sentiments et passion de la relation amoureuse. Un album vivement recommandé !

Par V. DEGACHE, le 13 novembre 2023

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